"Pursued" est resté célèbre dans l'histoire du western, pour avoir été le premier à introduire la psychanalyse - alors très en vogue à Hollywood - au sein d'un genre qu'on regardait parfois avec condescendance, lui conférant ainsi une forme de maturité.
L'autre particularité du film de Raoul Walsh, décidément très singulier, réside dans sa manière de mêler le western avec le film noir, dont "Pursued" respecte certains codes (héros tourmenté, récit en flashback, poids du destin...), voire avec la tragédie familiale.
Hélas, en dépit de son indéniable originalité, je n'ai pas été convaincu par ce grand mélange des genres, et je n'ai pas adhéré à cette histoire faussement complexe, la faute notamment à l'absence de cohérence psychologique chez certains personnages.
A cet égard, la scène finale est particulièrement révélatrice, avec un personnage girouette (la mère) et un happy end aussi abrupt que forcé. Sans compter que l'explication de la haine viscérale du clan Callum envers le héros m'a semblé faiblarde.
Heureusement, Raoul Walsh a la bonne idée de miser sur Robert Mitchum dans le rôle principal, alors que des comédiens bien plus confirmés étaient envisagés. Le réalisateur sera moins inspiré pour le choix de son casting féminin, à l'image de la terne Teresa Wright, qui peine à assumer un rôle mal écrit.
Sans être un véritable ratage, "Pursued" ne m'aura donc pas séduit. Il faut dire que la photo très soignée (éclairage à la bougie notamment) était semble-t-il son point fort, et que j'ai eu le malheur de voir le film dans une version streaming assez moche, qui ne lui rend pas honneur.
Pour finir sur une note positive, soulignons l'excellent choix du titre original, qui joue intelligemment sur la polysémie du terme "pursued", qui peut se traduire par poursuivi (par la justice) ou pris en chasse (par ses ennemis), mais signifie également réprimé (psychologiquement).