Soyons clairs, ce qui m'a attiré dans ce film, c'est de voir Randolph Scott avant sa période westernienne des années 50. Je l'avais déjà beaucoup apprécié dans le western de Fritz Lang "les pionniers de la western union" (1941), nettement moins dans la "Reine des Rebelles" (1941). Là, dans la "vallée maudite", il endosse déjà un rôle de vengeur.
C'est d'autant plus intéressant que l'association du producteur Harry Joe Brown et Randolph Scott a peut-être été le prélude à la carrière et au succès ultérieurs de Randolph Scott avec Budd Boetticher.
"La vallée maudite", c'est un western d'un certain George Waggner (avec deux "g" …) qui semble connu mais dont c'est le premier que je regarde.
Le personnage principal, Brazos Kane, tireur d'élite ou fine gâchette, en a marre d'avoir à flinguer des blancs becs qui veulent se mesurer à lui pour défier la légende. Écœuré, il part se retirer chez un copain dans un ranch pour qu'on l'oublie un peu. Et là, il tombe en plein assassinat de ce copain. Il décide donc de le venger – pour la dernière fois. Alors, on me dira que c'est une histoire archi rebattue dans le western, d'autant que le cadre de cet assassinat est l'éternelle lutte des gros ranchers contre les petits. Oui, mais, dira Patrick Brion dans le bonus du DVD, c'est une des premières fois que ce sujet est abordé au western … Dont acte.
Pendant une grande partie du film, Randolph Scott va donc se promener tout nu (enfin, sans ses colts, quoi) jusqu'au moment où un deuxième de ses copains se fait flinguer. Là, ce n'est plus possible, le revoilà habillé de nouveau (avec ses colts, quoi) pour régler définitivement le problème.
Plusieurs choses intéressantes dans ce western qui montre une inhabituelle violence que la commission Hays a dû inexplicablement laisser passer où Randolph Scott utilise des méthodes, que n'auraient pas désavoué un Peckimpah quelques dizaines d'années plus tard, pour faire avouer un shérif adjoint pourri.
Mais le clou du spectacle, c'est deux femmes adorables qui se ressemblent physiquement puisqu'elles sont des sœurs mais qui suivent des intérêts très divergents vis-à-vis de notre Randolph Scott, qui a tendance à les confondre. Dorothy Hart et Barbara Britton, arborant de flamboyants rouges à lèvres, que je ne connais pas mais qui valent le coup d'œil.
Côté mise en scène, le western comporte de belles poursuites à cheval et certains duels originaux dont un où Randolph Scott est à terre et tente d'échapper aux sabots d'un cheval mené par un malfaisant.
Le film est tourné dans de beaux paysages d'Arizona avec des montagnes ocres bien rendues par le procédé couleur qui n'est pas un technicolor mais un cinecolor.
Pour finir, ce n'est certainement pas un western génial ni extraordinaire. Mais il comporte divers ingrédients dignes d'intérêt.