Auteur de best seller comme Shogun et Taipan (ayant fait l'objet d'adaptations télévisuelles et cinématographique), l'écrivain James Clavell s'attelle à la réalisation de son propre film en 1970. Le prolifique auteur ne conçoit cependant pas son scénario lui-même, préférant s'appuyer sur une nouvelle de JB Pick, qu'il retravaille ensuite à sa sauce. Plombé par des problèmes de financement durant sa production, accueilli froidement par la critique et le public, le film semble aujourd'hui, à l'image de la vallée décrite dans le film, complètement oublié. Et c'est bien dommage.

Ayant pour cadre la guerre de 30 ans opposant catholiques et protestants, l'œuvre de Clavell suit le parcours de Vogel, un intellectuel dont la famille a fait les frais du conflit. Il découvre par hasard une vallée prospère où trône un petit village épargné par la guerre. Quand survient une bande de mercenaires, il leur suggère de profiter des lieux pour se mettre eux même à l'abri au grand déplaisir des villageois.

Sur ce concept simple, Clavell propose un film d'une incroyable richesse. A la fois étude des comportements humains, mise en place de jeux d'influences et de pouvoir, critique de l'influence des religions et de l'obscurantisme qu'elles génèrent, La Vallée Perdue touche à tous ses sujets O combien complexes de manière particulièrement fluide et intelligente. Le tout en conservant les incontournables du film d'aventure avec son lot d'affrontements violents et de romance.

Visuellement, la Vallée Perdue bénéficie d'un tournage quasiment sur les lieux, en Autriche. Clavell exploite parfaitement les paysages locaux et parvient à donner vie à cette vallée quasi idyllique. La photographie et les costumes sont au diapason, contribuant à la crédibilité et la beauté de l'œuvre. Certains plans tiennent parfois de véritables recréations filmiques de peintures de l'époque ce qui prouve, s'il en était besoin, le soin qu'a pu mettre le réalisateur et toute son équipe à préparer le film.
Cerise sur le gâteau, un John Barry inspiré signe une excellente partition, à mi chemin entre Le Lion en Hiver et Out of Africa. Son excellence accroit encore le plaisir qu'on prend à la vision de la Vallée Perdue.

La distribution aurait légitimement pu inquiéter. Après tout, Omar Sharif et Michael Caine (personnification de la classe à la British) ne vont pas de soi dans un tel univers. Et pourtant... Sharif livre une prestation très proche de celle du Dr Jivago de David Lean, davantage témoin des évènements que participant actif. Il n'empêche qu'on croie à son personnage d'intellectuel perdu cherchant à la fois à survivre et le bien du plus grand nombre. Mais c'est bien Michael Caine qui impressionne le plus. Bien que son accent Allemand puisse dérouter au début, l'acteur fait preuve d'un charisme et d'une force hallucinante. Son personnage de capitaine aussi rusé que désabusé est fascinant par sa complexité et Caine ne le trahit à aucun moment, livrant probablement là une de ses toutes meilleures prestations cinématographique.

Véritable joyau du genre, cette Vallée Perdue mérite d'être redécouverte !
Palplathune
9
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le 27 mai 2011

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Palplathune

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