« Parenthèse » dans la carrière sombre de Martin Scorsese, « La Valse des pantins » n'est pas une comédie pour autant. On retrouve même à travers ce personnage déséquilibré la passion du réalisateur des « Affranchis » pour les « héros » pas comme les autres, violent et fascinant à la fois. Mais contrairement à d'habitude, Scorsese préfère tourner ici cela en dérision, sans pour autant tomber dans la grosse rigolade. Au contraire, il est difficile d'exprimer le malaise provoqué par certaines scènes, l'insistance dont fait preuve Rupert Pupkin à de nombreuses reprises faisant froid dans les dos.


Il a beau être extrêmement aimable et poli, sa façon de quasiment harceler les producteurs tant il est persuadé d'être un génie est terriblement angoissante, d'autant que Robert De Niro le joue à la perfection. Son « affrontement » avec Jerry Lewis est d'ailleurs un remarquable moment de cinéma : ils ont beau ne pas avoir tant de scènes communes, cette façon qu'à Pupkin d'idéaliser son idole est saisissante face au quasi-mépris que ressent ce dernier pour lui. C'en est presque douloureux de voir ces deux hommes talentueux vivre de cette façon : l'un dans une sorte de psychose obsessionnelle complètement déconnectée de la réalité, l'autre dans une solitude quasiment inimaginable...


La « comédie » laisse à ce moment totalement place au drame, même si l'ironie dont fait preuve Scorsese dans les vingt dernières minutes vient une fois de plus remettre en cause le « registre » dans lequel nous sommes. Celles-ci sont d'ailleurs étonnantes, ni pro ni anti-show business, même si celui-ci ne sort assurément pas grandi de cette œuvre atypique, à la conclusion aussi grinçante que réjouissante : un sacré tour de force cette « Valse des pantins ».

Créée

le 5 avr. 2018

Critique lue 295 fois

6 j'aime

Caine78

Écrit par

Critique lue 295 fois

6

D'autres avis sur La Valse des pantins

La Valse des pantins
Vnr-Herzog
9

La comédie humaine

De la filmographie de Martin Scorcese ont connait surtout, et à raison, ses collaborations avec Robert DeNiro. Casino, Les Affranchis, Mean Streets, Raging Bull, Taxi Driver sont des films qu'il...

le 13 août 2012

103 j'aime

2

La Valse des pantins
DjeeVanCleef
9

La chenille et le papillon

La-chenille-qui-se-croyait-papillon tourne et virevolte dans la nuit, fol insecte en quête d'une source de lumière où pouvoir s'abîmer. Le générique se fige bientôt en un instantané. Un de ceux que...

le 8 août 2015

59 j'aime

14

La Valse des pantins
Cultural_Mind
9

Spectacle et illusions

D'un côté Rupert Pupkin, aspirant comédien pathétique et névrosé, à la lisière de la schizophrénie. De l'autre Jerry Langford, animateur star de la télévision, aussi avenant en public que misanthrope...

le 20 févr. 2017

39 j'aime

Du même critique

Enquête sur un scandale d'État
Caine78
2

Enquête sur un scandale cinématographique ?

Thierry de Peretti est un réalisateur doté d'une bonne réputation, notamment grâce à « Une vie violente », particulièrement apprécié à sa sortie. J'y allais donc plutôt confiant, d'autant que le...

le 20 août 2022

32 j'aime

8

Mourir peut attendre
Caine78
4

Attente meurtri(ère)

Cinq ans d'attente, avant que la crise sanitaire prolonge d'une nouvelle année et demie la sortie de ce 25ème opus, accentuant une attente déjà immense due, bien sûr, à la dernière de Daniel Craig...

le 7 nov. 2021

29 j'aime

31

L'Origine du monde
Caine78
3

L'Origine du malaise

Je le sentais bien, pourtant. Même si je n'avais pas aimé « Momo », adapté du même Sébastien Thiéry, cela avait l'air à la fois provocateur et percutant, graveleux et incisif, original et décalé,...

le 25 sept. 2021

25 j'aime