Confessions (trop) intimes.
Après son sympathique "Carnage", Roman Polanski signe un nouveau huis-clos, relecture du roman de Leopold Von Sacher-Masoch, déjà à l'origine de la pièce de théâtre de David Ives, qui signe lui-même l'adaptation avec le cinéaste polonais.
A l'aide d'un décor unique et de seulement deux protagonistes, Polanski parvient sans peine à maintenir l'intérêt du spectateur, organisant une joute verbale intrigante, où les rôles du dominant et du dominé s'inverseront sans cesse, jusqu'à ce que le texte et la réalité ne fassent plus qu'un.
Vénéneux jeu de pouvoir tout autant que plongée pince-sans-rire dans une psyché légèrement dérangée qui ne demandait qu'à s'exprimer, "La vénus à la fourrure" vaut surtout pour la confrontation de deux comédiens impeccables. Dirigée par le regard enamouré de son cinéaste de mari, Emmanuelle Seigner semble prendre un plaisir incommensurable à incarner son personnage mystérieux, passant de la vulgarité à la sensualité, de la stupidité à la manipulation avec une certaine aisance. Face à elle, dans un rôle envisagé à l'origine pour Louis Garrell, Mathieu Amalric est une fois de plus fulgurant, donnant vie avec ferveur aux névroses de son personnage.
Bien qu'efficacement mis en images et bardé de récompenses, ce nouvel essai de Roman Polanski me parait cependant un brin mineur dans la carrière du réalisateur de "Chinatown". Finalement trop gentil, pas assez fou ou sulfureux, comme engoncé dans une certaine bienséance l'empêchant de plonger tête baissée dans la perversité la plus trouble.
Un exercice de style orchestré avec une efficacité certaine et incarné par des comédiens donnant le meilleur d'eux-mêmes, mais dont la finalité m'échappe.