La Vénus à la fourrure (2013) de Roman Polanski est l'adaptation d'une pièce théâtre, comme l'était La Jeune Fille et la Mort (1994). Et comme La jeune fille et la mort, c'est un huit clos éprouvant, avec ici, non pas trois acteurs, mais seulement deux acteurs (sa femme Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric). C'est donc un film hautement polanskien, parce que enfermement, parce que relation dominant/dominé, parc que parce que mise en scène et montage brillantissimes et parce que direction d'acteur aux p'tits oignons.
C'est l'histoire d'un metteur en scène de théâtre (Thomas/Mathieu Amalric) qui fait passer des essais avec une comédienne (Vanda/Emmanuelle Seigner) pour le rôle titre de La Vénus à la fourrure. Le jeu des acteurs peut sembler "faux" ou "exagéré", mais c'est justement pour qu'on voit les différentes subtilités entre le jeu autour de l'audition et la réalité des personnages. Emmanuelle Seigner en particulier montre l'ambiguïté du jeu d'une actrice. Quelle est la part de manipulation qu'une actrice opère, en jouant un texte qui est déjà ambigu ?! Le film est donc jubilatoire, délicieux car il parle à la fois des jeux de pouvoirs, qu'il peut y avoir dans toute relation et en même temps des jeux de pouvoirs, qu'il peut y avoir entre un metteur en scène et une actrice.
Mathieu Amalric est étonnant dans le rôle du metteur en scène qui est clairement le clone de Roman de Polanski. Déjà physiquement il correspond bien au portrait que je me fais de Roman Polanski (petit et cheveux mi long) et en plus il adopte un peu son phrasé "intellectuel". Il ressemble trait pour trait au Roman Polanski des jeunes années. Mais si Mathieu Amalric est très bon, Emmanuelle Seigner quant à elle est exceptionnelle. Non seulement elle est magnifiquement, mais en plus elle joue divinement bien cette ambiguïté, paraissant par moment un peu cruche, puis la seconde d'après dangereusement manipulatrice. Elle est absolument lumineuse, étonnante et terriblement sexy dans ce qui est très certainement son meilleur rôle. C'est une actrice qui est complètement sous-exploitée par le cinéma français et c'est bien dommage !
La Vénus à la fourrure est vraiment un très bon Polanski, l'un des meilleurs films du réalisateur polonais et offre un magnifique face à face entre deux acteurs en état de grâce. On ne peut-être que fasciné par le travail de Roman Polanski qui avec un seul décor et deux acteurs nous tiennent en haleine pendant plus d'une heure trente (1h36 pour être précis). Il n'y a pas un temps mort, tout est juste. Les retournements de situation s'enchainent à un rythme soutenu et on ne sait jamais vraiment qui est qui et qui mène la danse dans tout ça ?