La venus d'argent est un film encré dans son époque qui cherche à éveiller les consciences sur les problèmes actuels mais qui se perd dans sa réalisation.
Le personnage principal incarné par la chanteuse Claire Pommet (dite "Pomme") se prénomme Jeanne, une travailleuse ambitieuse, motivée à quitter le train de vie militaire pour accéder à ce qu'elle considère comme la liberté, grâce à un talent démesuré dans le domaine de la finance. Éduquée à la dure par son père et en l'absence de sa mère, elle arbore les caractéristiques du militantisme woke, à la limite de la caricature : est neutre (dans ce cas-ci on parle de l'identité de genre, se sentant ni homme ni femme), remet en question les stéréotypes faits sur ce que devraient être un homme et une femme, s'interpose à la guerre et à l'armée, n'a pas peur de briser la vitrine d'un magasin et de se blesser en cas de nécessité,... Et si l'idée de s'insurger contre le patriarcat blanc et de lutter contre les discriminations est une noble cause, cette dernière est malheureusement fortement restreinte par un scénario absurde et mal écrit :
Les emplois semblent tomber du ciel, la stagiaire toute nouvelle dans le monde des finances carbure 10 fois plus qu'un employé lambda, elle semble plus brillante que le patron lui-même mais se fait larguer sans raison, une bourge millionaire change d'avis sur une inconnue aussi vite qu'une coupe de champagne, une entreprise entière de finance s'évapore du jour au lendemain de ses locaux, elle tombe amoureuse de son ancien petit ami qu'elle n'avait pas revu depuis 4 ans et qui lui avait laissé comme seul souvenir une aggression sexuelle,...
Le tout n'étant de plus pas rattrapé par une construction verbale ma foi plutôt médiocre, où les acteurs balancent des répliques souvent descriptives et plates, au ton monotone et aux réactions trop peu naturelles (Claire Pommet étant excusée, c'est son 1er rôle au cinéma ! ). On retiendra notamment les dialogues endormissants entre Jeanne et son patron (joué par Fianso), un semblant de financier américain qui passe des coups de fil en continue et sert du "scotch" à ses invités. Pas de chance, l'acteur est français, et la prestance... elle marche pas.
Le film est tout de même sauvé du désastre par une photographie intéressante qui rappelerais d'ailleurs fortement Blade Runner dans l'utilisation du jaune et du bleu, la verticalité des quartiers d'affaire de La défense, la frange du personnage principal, la spaciosité des locaux des financiers face à l'empilement d'appartements militaires, la bande son mi-electro mi-voix angélique,... (et pourquoi pas une référence à Leeloo Dallas du Cinquième Élément avec ce tissu blanc couvrant la poitrine). Cependant l'image ça fait pas tout.
La venus d'argent est, à l'instar de la vie de son personnage, un rêve. Confus, inexpliqué, difforme, il est compliqué de capter les réels enjeux d'un film qui vacille autant dans ses prises de positions.