"La Vie d'Adèle" c'est un film qui a fait sensation, j'en avais énormément entendu parler (comme tout le monde) lorsqu'il a reçu la Palme d'Or à Cannes. De mémoire Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux ont étés récompensées aux côtés d'Abdellatif Kechiche. Un film qui s'inscrivait parfaitement dans la conjoncture de l'époque avec l'autorisation du mariage homosexuel en France... Bref, tout ça, ça fait du bruit.


Un peu trop même. Le matraquage médiatique avait totalement éteint le moindre intérêt que j'aurai pu avoir pour le film.
Je le vois donc 4 ans plus tard. Je ne sais concrètement rien de l'histoire si ce n'est qu'elle parle d'Adèle (si vous cherchiez un homme perspicace arrêtez tout, vous l'avez devant vous) et de Léa Seydoux (je ne connais pas le nom de son personnage à ce moment là), qui forment un couple homo. Par contre je sais que les deux actrices ne peuvent pas se pifer, que de ce que j'ai vu passer sur les réseaux sociaux Adèle Exarchopoulos semble détestable, que je ne supporte pas le jeu de Léa Seydoux et enfin que j'ai toujours pas particulièrement envie de le voir.


Malgré tout je me lance, parce que je trouve aucun film qui me botte ce soir et que celui-là ou un autre ma foi... Au moins je l'aurai vu.


1ère partie : Adèle est une lycéenne en 1ère L. Sa famille appartient à la classe moyenne basse, on mange bruyamment ses spaghettis bolos, on regarde Question Pour Un Champion en même temps, on parle pas trop. Adèle appartient à un groupe de potes qui ressemble à tous les groupes de potes de 16 ans, ça n'a rien d'intéressant à partir du moment où tu n'en est pas un des membre. Adèle est belle. Elle plait aux mecs. Adèle se trouve un Jules, ça ne dure pas. Faut dire qu'Adèle a croisé dans la rue une fille aux cheveux bleus et qu'elle a eu un coup de foudre. Adèle découvre qu'elle aime aussi les femmes. Adèle recroise Emma (la fille aux cheveux bleus), elles font connaissance. Adèle fait face à l'homophobie d'une partie de ses potes (pendant 3min). Adèle n'aime pas les fruits de mer, Emma adore ça, elles couchent ensemble. Elles rencontrent leurs familles respectives. Choc des cultures. Chez Emma on mange des huîtres et on parle d'art. On assume son homosexualité aussi. Pas chez Adèle. Entre-temps elles recouchent ensemble.
Fin de la 1ère partie.


On en est déjà à plus de la moitié du film mais j'ai plus envie de dire enfin que déjà. Globalement c'est mauvais. Déjà c'est trop long. On se serait volontiers passé de nombreuses petites scènes inutiles qui ne font qu'émousser la patience du spectateur. Ensuite c'est confirmé, j'aime pas Léa Seydoux. Dès qu'Adèle est avec ses potes mon dieu que c'est chiant. Oui c'est très proche de la réalité, bravo, sauf que c'est justement ça le problème, comme je l'ai dit plus haut, si c'est pas ton groupe de pote à toi il n'a aucun intérêt. Du coup je m'emmerde bien, je fais des pauses, je check Twitter, je vais me chercher du raisin, je caresse mon chat.
Bon, tout n'est pas à jeter pour autant. Il y a 3 parties dans le film et 3 thèmes abordés (du moins de mon point de vue). Ces thèmes on les aborde à travers la relation Adèle/Emma qui fonctionne plutôt pas mal. Outre l'homosexualité, qui est la base même du film, Abdellatif Kechiche s'aventure sur le thème des classes sociales, aussi bien dans leur rapport à l'homosexualité que sur tout ce qui touche à l'aspect culturel. Pour ce qui est du 3e thème j'en parlerai plus tard. Donc oui, ce sont des thèmes intéressants, le couple à quelque chose d'attachant dans ce qui les sépare, leur éducation, leur "expérience" de l'homosexualité mais aussi dans ce qui les rapproche, un goût commun pour l'art (la peinture/la littérature), le désir sexuel et bien sûr l'amour.
Rq : on s'est tapé une scène de cul digne d'un boulard pendant 5 bonnes minutes. Mouais. Cette scène c'est juste pour qu'on parle du film, je vois pas l'intérêt de la faire aussi longue et aussi crue sinon.


2ème partie : quelques années plus tard. Adèle est institutrice. Emma et elle vivent ensemble. Un de ses collègue en pince pour Adèle. La situation du couple Adèle/Emma est amusante, on dirait qu'Adèle occupe un rôle très similaire à celui d'une femme dans un couple hétérosexuel des années 1950. Elle fait la popote pour les potes d'Emma avec qui elle n'a pas vraiment de lien. La relation entre les deux femmes se complique. Adèle est jalouse d'une amie d'Emma. Elle commence à avoir des envies d'ailleurs. Elle craque et s'envoie son collègue. Emma le découvre. C'est le drame. Rupture.


Ok, c'est clairement mieux que la première partie, je ne dirai pas que c'est l'extase, mais c'est mieux. Déjà on s'est séparé du groupe d'ados aux dialogues écrit à la truelle. Ensuite le couple qui se fendille s'écarte et fini par briser à cause de ses différences sociales et culturelles c'est bien foutu, l'idée de montrer que l'amour et le désir c'est bien mais qu'un couple à besoin de plus que ça pour survivre n'est pas révolutionnaire mais c'est bien retranscrit à l'écran.
Par contre la fête avec les potes d'Emma c'est encore trop long, on perd toujours du temps sur des détails insignifiants. Et puis la scène de rupture est très étrange. Adèle Exarchopoulos est excellente dedans, Léa Seydoux est catastrophique. Du coup on ressent un mélange bizarre entre la peine et la consternation. Cependant qui dit peine dit émotion, qui dit émotion dit attachement, on s'est donc attaché à nos deux lesbiennes, c'est déjà pas mal.


3e partie : la vie continue, mais tristement. Emma manque à Adèle. Adèle pleure beaucoup. Elle retourne sur les lieux où elles se sont fréquentées au début de leur histoire. Elle pleure. Elle fume des clopes. Elle fait la dictée à sa classe de CP. Elles finissent par se revoir dans un café. Emma a pardonné à Adèle. Le désir est palpable. Elles s'embrassent fougueusement. Emma s'écarte, elle est casée avec l'amie dont Adèle était jalouse. Emma n'aime plus Adèle. Elles se quittent.
Emma invite Adèle à son exposition. Adèle est présente dans les oeuvres d'Emma. Mais elle n'est pas à sa place dans cette exposition en tant que personne. Comme elle n'avait pas sa place dans la vie d'Emma. Elle laissera une trace, la trace d'une infinie tendresse. Elle part.
Fin.


Il faut bien le dire, la situation d'Adèle est touchante dans cette fin de film, j'aurai presque eu les yeux humides de la voir si abattue, si vide après la rupture. Les retrouvailles sont également chargées en émotions et même si on sera étonné de les voir quasiment se grimper dessus en public la scène fait mouche. Enfin la scène de l'exposition nous résume un peu la relation des deux femmes. Elles se sont aimées, elles ont comptées l'une pour l'autre, c'était voué à l'échec, c'est fini. Ça fait un petit quelque chose cette scène finale.
On a donc le troisième thème dans cette dernière partie, la rupture amoureuse, comment on porte en nous la marque indélébile d'une histoire d'amour et comment on finit par vivre avec.


Vous l'aurez donc compris, si la 1ère partie fut un vrai chemin de croix pour moi la suite trouve grâce à mes yeux. Cependant j'ai été un peu déçu du traitement de l'homosexualité dans le film. On ne montre que très peu les difficultés liées au fait d'être homosexuel dans notre société, une petite scène entre Adèle et une de ses "amie" qui se montre homophobe et c'est tout. On ne montre pas du tout comment ou même simplement si, Adèle fait son coming-out auprès de sa famille, de ses amis, de ses collègues et caetera et caetera...
Ce qui était à la base du film se retrouve presque comme un effet de style, j'ai envie de dire que "La Vie d'Adèle" traite plus de la difficulté de maintenir un couple épanoui lorsque les deux partis sont issus de milieux différents et de la gestion de la rupture amoureuse. Mais pour cela n'importe quel couple, homo, lesbien, hétéro aurait fait l'affaire.
C'est ça qui me déçoit, j'ai la sensation que l'homosexualité sert plus la promotion du film qu'autre chose tant on ne fait qu'effleurer la surface du propos. C'est sûr que les deux actrices principales qui se broutent le minou devant la caméra ça fait plus de pub qu'une énième scène de sexe hétéro tournée de façon pudique...
Enfin, en ce qui concerne le négatif, je radote mais que de longueurs ! Il faut arrêter de faire des films qui durent 3h comme si c'était un gage de qualité. On a la sensation que le réal s'égare et étire certains passages à outrance jusqu'à l'indigestion. Comme Adèle le dit si bien à sa classe lors de la correction de la dictée, avec un peu plus de concentration on pourrait en finir bien plus vite et tout le monde serait heureux. D'ailleurs le seul intérêt de cette scène est de me servir de béquille pour dire que c'est long et de me donner un titre original.


Pour les deux autres thèmes c'est abordé de façon plutôt intelligente, assez neutre en ce qui concerne les classes sociales, on n'a pas la sensation que le film émet un jugement, ni envers l'une ni envers l'autre, elles sont différentes, c'est tout. Et puis cette relation aura été touchante malgré tout, on se retrouvera dans le désarroi d'Adèle ainsi que dans sa résignation. Et même si ça n'efface en rien les défauts du film ça les adoucit un peu.


"La Vie d'Adèle" est donc très loin d'être un chef d'oeuvre, c'est un film qu'il est bon d'avoir regardé pour dire qu'on l'a vu. L'idée de base est très intéressante mais mal exploitée, le film est trop long, mais il ne vous laissera pas de marbre sur la fin. Adèle Exarchopoulos est très bonne, elle pourrait penser à fermer sa bouche (littéralement) que ça ne nous gênerait pas mais globalement sa prestation est de qualité. Léa Seydoux c'est un gros non pour ma part, je n'y arrive pas, c'est comme ça.
EDIT : oubli de ma part (il est 4h du mat en même temps) : c'est un film à l'esthétique léchée (et je ne dis pas ça parce qu'il parle de lesbiennes) c'est important de le dire ! Niveau réalisation c'est plutôt propre et bien pensé même si on ne tombe pas des nues. Fin de l'edit.


Là c'est le moment où je mets une note et je suis bien emmerdé parce que je voudrai mettre 4,5/10.
Donc ce sera 4,5/10 pour ceux qui liront mon pavé et 4/10 pour les autres, parce que je me suis quand même fait chié pendant une majeure partie du film et que mettre 5/10 laisserait penser que le film se regarde encore pas trop mal, alors que ce n'est pas franchement le cas.

Voranon
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le 30 août 2017

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