Tomber amoureux
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le 10 oct. 2013
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Sorti en 2013 peu après les manifs pour tous, je m'étais convaincue que c'était encore l'un de ces films primés pour son rapport à l'actualité et son avant gardisme sur la société. A l'occasion de la 71ème édition du Festival de Cannes, ARTE diffuse une sélection de films qui ont éblouis le tapis rouge. C'est alors que je me retrouve à visionner La vie d'Adèle, sans grandes attentes particulières. Après trois heures de long métrage à la palme d'or, j'en ressors avec une émotion sans pareil et du mal à expliquer pourquoi. J'encaisse le film et je me surprends à me dire que c'est un coup de coeur que je viens d'avoir.
Le premier chapitre est consacré à la découverte du corps et de la sexualité. On retrouve en effet un surplus de scènes érotiques qui peuvent paraître gênantes mais qui affirment cette passion charnelle poussée jusqu'à l'extrême. Abdellatif Kechiche nous peint une oeuvre d'art de ces rapports sexuels, toujours filmés de manière à sublimer le corps féminin dans ses formes, ses rondeurs, ses ondulations. Et c'est pourquoi il accorde tant d'importance à la passion d'Emma qui fait les beaux arts et qui reproduit des femmes nues dans ses toiles. Par le biais du plaisir et de l'art, le réalisateur expose l'apprentissage de la condition féminine, notamment en se référant aux oeuvres littéraires comme au désir que suscite La Princesse de Clèves ou encore au "Je suis femme" qu'on peut entendre en cours de littérature.
Ces plans qui semblent longs, souvent lors des repas, et cette obsession pour les bouches, surtout celle d'Adèle, posent questions. Je pense surtout que c'est pour mettre en avant son appétit pour le plaisir, d'ailleurs en ses termes, elle parle de "goûter" une fille: tous ses sens passent par la bouche, elle a faim de passion.
Finalement dans le chapitre 2, on remarque qu'elle est toujours en proie à gouter aux plaisirs mais que rien n'a de goût sans Emma. Totalement dépendante et obsédée, elle se rend compte que toutes ses envies se sont construites au travers d'Emma tandis que cette dernière est libre d'être heureuse autrement que par Adèle. Perdue dans le milieu d'Emma qui n'est pas le sien, on ressent de la pitié pour le personnage d'Adèle qui n'a pas su s'épanouir autrement que d'être au crochet de sa dulcinée. Les nombreuses références à la couleur bleu, lorsqu'elle se baigne, la robe qu'elle porte, montre à quel point Adèle ne se voit qu'à travers le regard d'Emma.
Même si le film n'est pas parfait, on ne peut pas en dire autant du jeu d'actrice. Léa Seydoux maîtrise à la perfection les codes de son personnage quant à Adèle Exarchopoulos elle explose l'écran avec son naturel exubérant. Toutes les deux se livrent à un jeu compliqué, celui d'une passion acharnée magnifiquement interprétée, et pourtant plus vraie que nature.
Le film m'a pris aux tripes de la première à la dernière scène.
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Créée
le 15 mai 2018
Critique lue 187 fois
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