« La Vie d’Adèle », Palme d’Or du festival de Cannes 2013, est le 5ème long-métrage du réalisateur franco-tunisien Abdellatif Kechiche.


Ce film constitue le récit poignant du passage à l’âge adulte d’une jeune femme nommée Adèle. Il commence lorsqu’elle est encore en classe de première littéraire au Lycée et se termine au début de sa vie active. Adèle se questionne sur l’amour et le désir. Lors de cette période charnière, Adèle rencontre Emma, avec qui elle va entretenir une liaison passionnelle.


Kechiche, pendant 3 heures, nous livre l’histoire de cette jeune femme. Il s’introduit de manière profonde dans son quotidien et son intimité. On dort, mange, ressent, vit avec Adèle. Adèle est belle. Adèle se questionne. Adèle se cherche. Lorsqu’elle est triste, joyeuse, gênée, perdue ou amoureuse, nous le sommes avec elle. Elle est interprétée par une révélation se nommant Adèle Excarchopoulos qui tient ici une prestation hors du commun, magnifique de réalité, elle capte le regard, agrippe notre attention. Son visage poupon et amoureux, ses pleurs exagérés, sa voix grave et son incertitude nous touchent. On aime ce personnage aimant, son humanité, sa naïveté.


Kechiche effectue ici une véritable analyse sociologique en mettant en exergue la puissance des sphères sociales, du groupe de pairs, de l’école, de la famille. Extrêmement rares sont les films qui nous portent aussi près de personnages, nous transmettent aussi puissamment et justement leurs émotions. Il décortique leur personnalité. Les scènes, longues, leurs donnent une substance impressionnante, presque troublante. Le réalisateur filme à l’épaule et cadre de manière à ce que l’image se confonde à la vue d’un homme. Nous ne sommes plus extérieurs aux scènes mais véritablement en leur sein. La pertinence des dialogues et l’absence de musique contribuent également à créer cette alchimie réaliste. Le réalisme et encore le réalisme, Kechiche le retransmet parfaitement et s’en impose comme un maitre.


Autour d’Adèle gravitent autant de performances d’acteurs que de personnages. Le plus petit des rôles est pétri de justesse. Pas une fausse note ne vient perturber le déroulement du film. Léa Seydoux qui joue Emma, compagne d’Adèle étudiante aux beaux-arts et artiste en devenir, tient ici son meilleur rôle. Les deux femmes forment un couple extraordinaire de tendresse. La passion érotique et la complicité touchante qui les lient sont confrontées aux aléas du temps, au doute, à l’ennui, à la frustration.


Au final, on est comme happés par le film, sortis de notre réalité pour rentrer dans la sienne, plus spectateurs que jamais, attentifs à tous les détails. Le générique se termine. On sort de la salle mais le film n’est pas fini. Il reste en nous comme si Adèle existait.


" La Vie d’Adèle " est un chef d’œuvre.

Ecnex
9
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le 21 avr. 2014

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