Tomber amoureux
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le 10 oct. 2013
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Enthousiasmé par "l'Esquive", j'avais salement déchanté avec "la Graine et le Mulet" et les dérives idéologiques de Kechiche, indignes d'une cinéaste aussi doué. Grand admirateur devant l'éternel du "A Nos Amours", j'attendais depuis lors qu'un autre réalisateur sache nous offrir un aussi beau portrait de jeune femme que celui de Sandrine filmée par Pialat. "La Vie d'Adèle" est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour moi : une bonne, parce qu'Adèle Exarchopoulos - actrice et personnage, quasi indissociables pour le moment - brûle l'écran et notre cœur à la fois, comme cela n'arrive que très, trop rarement, et que les trois courtes, très courtes heures que nous passons avec elle sont l'une des plus belles expériences de vie - amoureuse, mais pas seulement - que le cinéma nous ait jamais offert. Kechiche et Adèle (et Emma, bien sûr) nous font vibrer, frémir, pleurer, rire, tomber amoureux (se) comme si c'était à nous que tout cela arrivait, comme si c'était la première fois. Si, comme le disait une pub d'il y a plusieurs décennies, "le cinéma, c'est la vie", eh bien "la Vie d'Adéle" en est le meilleur exemple possible. Pour cela, Kechiche est grand, voire immense, et, loin de la polémique qui a sali la sortie du film, on se moque bien des méthodes employées pour en arriver là : Pialat était aussi un foutu salaud, Von Trier a torturé Björk pour lui faire cracher "Dancer In The Dark" , Desplechin a été vomi pour "Rois et Reine", la relation entre Godard et Karina a fait beaucoup jaser, etc. etc. pour ne parler de grands réalisateurs contemporains. Seul le film, et l'impact qu'il a sur nous, importe, c'est pour cela qu'il s'agit d'Art. La mauvaise nouvelle, c'est que Kechiche reste un connard hargneux dès qu'il s'agit de défendre les classes sociales moyennes / basses, vomissant sans mesure les intellos, les bourgeois, ici les étudiants en Beaux-Arts et leurs parents bobos, tous veules, haïssables, incapables de sortir autre chose que des banalités prétentieuses, incapables de VIVRE comme Adèle (qui n'est qu'une boniche pour eux, qui leur prépare leurs spaghettis et leur sert leur coupe de champagne, non ?) : et ça, même si ce n'est pas très important au regard de la réussite majeure qu'est le film, c'est quand même dommage. Mais bon, ne nous privons pas pour cela d'un tel moment de cinéma (comme nous ne nous priverons jamais du "Voyage au Bout de la Nuit" sous prétexte que Céline était un facho...). [Critique écrite en 2013]
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Créée
le 16 déc. 2013
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