Première incursion dans le cinéma de Bruno Dumont, et je dois avouer avoir été conquis par la beauté de ce film. Le réalisateur montre des paysages délaissés par le grand écran, son Nord natal qui lui est si cher. Le format Cinémascope sublime les paysages, et — fait étonnant pour être souligné mais commun dans sa filmographie — met en avant des personnages auxquels on ne s’intéresserait pas forcément, tant leur vie et occupations ne relèvent absolument pas de l’extraordinaire. Ici, on suit Freddy et sa bande de copains, tous déscolarisés, qui passent leurs journées à rouler en mobylette et à s’ennuyer.
Les habitants de Bailleul sont comme l’oiseau en cage que Freddy possède : tant bien que mal ils essayent de prendre de la hauteur, mais en vain. Quand Freddy et sa petite-amie Marie prennent le télésiège du Mont-Noir (le plus haut qu’ils atteignent dans le long-métrage), ils ne peuvent voir au-delà de la campagne. Ils sont comme prisonniers de leur bourgade, et quand bien-même ils pourraient en sortir (pour aller voir une course de vélo par exemple), ils préfèrent rester chez eux. Cela leur fait défaut dans leur rapport aux autres, par exemple envers des habitants d’origine étrangère, pour qui Freddy va développer une forte haine.
La Vie de Jésus est un long-métrage fort sur un sujet assez peu abordé dans le cinéma. Un grand film.