Une ancienne prostituée recueille contre son gré un garçon de 12 ans qui lui avait fait les poches au marché, pour faire plaisir à son ami médecin. Le film est tiré d'un roman homonyme d'Emile Ajar (soit le pseudonyme de Roman Gary), qui avait déjà donné naissance à une très bonne première version signée Moshé Mizrahi, avec Simone Signoret dans le rôle de cette femme femme acariâtre, mais qui cache un secret qui la hantera toute sa vie.
Ici, c'est Sophia Loren, après dix ans d'absence sur les écrans, qui s'y colle, et je dois dire que la voir procure quelque chose d'émouvant, car elle est, avec Claudia Cardinale et d'autres, un monument du cinéma italien qu'on a tant aimé, et qui est ici comme la statue du commandeur, face à tous ces enfants, abandonnés, qu'elle adopte pour donner sans doute un sens final à sa vie, tumultueuse à souhait. Edoardo Ponti, qui est aussi le fils de Loren, a choisi de moderniser l'histoire, tout d'abord en la situant dans notre époque, puis de changer l'origine du petit garçon (Ibrahima Gueye, première apparition à l'écran) qui n'est plus ici marocain mais sénégalais. Dans les faits, ça ne change pas grand-chose, sauf un seul plan où il est fait allusion à ces personnes qui sont récupérées par la police car elles sont rentrées illégalement dans le pays.
Mais ça reste une bonne adaptation, prouvant l’intemporalité du roman (très beau) de Romain Gary, même si on peut préférer ce qu'avait fait Mizrahi, grâce en particulier à Simone Signoret dont le physique à son âge jouait dans la puissance du rôle. Dans les interviews données au moment de la promotion du film, Sophia Loren a laissé entendre que Madame Rosa pourrait être son dernier rôle au cinéma ; dirigée par son fils, près de 70 ans après ses débuts, et de plus dans un films estimable, ça pourrait être une belle conclusion à une formidable carrière.