Avec La Vierge Violente le prolifique Koji Wakamatsu prouve définitivement sa formidable capacité à esthétiser le chaos, réalisant un court long métrage aux aspérités certaines proposées sous le signe d'un style foutraque mais élégamment inspiré. En prenant une poignée de personnages aux identités vaguement présentées ( des tortionnaires grotesques, un amant ambigu, une vierge crucifiée...), sans réel scénario conséquent avec décor unique à l'appui ( un terrain vague évoquant les univers désertiques de certains films de Pier Paolo Pasolini ou encore ceux de Philippe Garrel ) et filmant dans un noir et blanc baveux mais magnifique portant le sceau de bon nombre de ses productions fauchées mais audacieuses Wakamatsu réitère inlassablement son usage flamboyant du Scope et des cadrages superbement élaborés : c'est déviant, décadent, symbolique et libre sur presque tous les plans.
On pense à une oeuvre passionnante telle que Les Carabiniers de Jean-Luc Godard au regard de La Vierge Violente, le film nippon cultivant un goût pour le comique malaisant et fièrement distancié déjà présent chez le cinéaste suisse durant la même décade... Le film porte le charme des productions alimentaires bis de l'époque tout en témoignant d'une science de la composition des plans difficilement contestable ; musique sixties, moment en creux de rigueur, violence graphique proche de l'iconoclastie : Wakamatsu cherche et propose d'un film au suivant, annonçant le cinéma hautement référencé de Quentin Tarantino qui surgira plus de vingt années plus tard...