Les cinéastes d'Europe centrale et orientale sont décidément très portés sur le bizarre et le surréaliste, dans des styles très divers, allant de la farce (certains films tchécoslovaques) à une description au noir de la société (My joy ou Une femme douce de Loznitsa), en passant par le conte étrange (la Clepsydre).
Ici, il n'y a pas de fantastique à proprement parler, mais une histoire où le héros se retrouve dans une petite ville dont tous les habitants ont un comportement étrange. Il y a un côté kafkaïen dans ce récit ; Une critique pense au Procès- à cause d'une péripétie de l'histoire, mais le déroulement me fait plutôt penser au Château, avec ce personnage balloté d'une situation à l'autre, et de toute façon, il s'agit plus d'une parenté dans le déroulement du récit (des trucs bizarres racontés de façon très classique) qu'avec une oeuvre en particulier..
Ici, on a en sous-texte une description de l'URSS (et avant ça de la Russie) et de son attitude face à son passé, et une satire du délitement des choses, entre fidélité aux vieux schémas et attirance pour l'Occident (le film date de 1988).
C'est bien mené, bien réalisé (les derniers plans sont très beaux), et le récit n'est pas foutraque, mais il manque peut-être un grain de folie à l'ensemble ,et la conclusion est un peu en queue de poisson (ou un peu trop en points de suspension, si on préfère).
Reste une oeuvre au ton bien particulier, qui mérite le coup d'oeil.