Vu seulement deux films du monsieur, mais c'est suffisant pour saisir que son message n'est pas de ceux qui se laissent saisir du premier coup ; il faut creuser. Ainsi de la relation entre les chansons que l'on entend, entre le rock and roll et les ballades traditionnelles. A première vue : la "ville zéro" figée dans son présent éternel communiste, ayant refoulé les poussées de liberté d'une jeunesse vibrante, maintenant plus qu'un souvenir. Pourtant, c'est bien autour des vieilles ballades qu'une communauté se forme, et c'est bien une une frêle ballade que l'on entend en toute fin. Donc : il s'agit plus d'un jeu ; le réalisateur tresse les différentes strates temporelles pour organiser l'égarement, et, au final, interroge, mais de manière profonde ; c'est-à-dire sans que vraiment l'on puisse mettre des mots dessus ; ce séjour nous trouble.
Chakhnazarov, cinéaste décidément passionnant.