Srebrenica mon amour. 25 ans après le pire massacre ayant eu lieu en Europe depuis la seconde guerre mondiale, Quo Vadis, Aida ? revient avec une puissance d'évocation inimaginable sur ce crime contre l'humanité. Jasmila Zbanic, qui avait débuté avec le poignant Sarajevo mon amour, et avait plutôt déçu avec ses trois films suivants, a trouvé le ton juste avec un scénario de thriller, une mise en scène tout en tension, et une incroyable capacité à montrer la tragédie sous tous ses aspects. Le choix de mettre au centre de son film une traductrice de l'ONU, par ailleurs mère de famille, permet de vivre de l'intérieur, heure par heure, les événements, avec des casques bleus dépassés et impuissants, des militaires serbes fanatisés et une population bosniaque dans l'attente du pire, entassée dans et au dehors d'un camp, soit autant d'images qui rappellent un autre génocide. La violence se situe hors-champ et l'émotion est maîtrisée jusqu'aux dernières scènes qui montrent les années d'après, celles de l'impossible apaisement et des cicatrices jamais refermées. Aucun moment n'est de trop dans Quo Vadis, Aida ?, intense à chaque minute, cherchant malgré tout une parcelle d'humanité dans l'atroce et inéluctable course vers l'horreur. Outre la performance inoubliable de Jasna Djuricic dans le rôle d'Aida, il convient aussi de saluer le travail admirable du chef monteur polonais Jaroslav Kaminski, qui s'est illustré dans le passé avec November et Cold War, notamment.