On ne ressort pas indemne de la séance de Quo Vadis Aida. Tiré d'une terrifiante histoire vraie, le film va vous plonger dans l'horreur du massacre des bosniaques par les serbes, devant des organisations pour la paix qui regardent se jouer l'extermination les bras ballants... Ah, ils sont beaux ces perroquets, à parader avec leur flamboyante couleur bleue, à être de beau-parleurs qui répètent sans cesse le même discours "ne vous inquiétez pas, on va vous sauver, on est là pour ça", mais lorsqu'il s'agit d'y laisser quelques plumes, il n'y a plus personne. Pire, on voit qu'ils justifient toute non-intervention par des lois internationales, ce qui revient à dire que les droits humains, pour eux, ne doivent protéger que les assassins (pas touche aux mercenaires qui tuent des civils sous leurs yeux, en revanche, ils forcent les victimes à évacuer le camp pour monter dans les bus serbes qui les amènent directement à l'abattoir... On en a tombé nos yeux). On découvre même qu'ils ont empiré la situation : ils n'auraient pas promis une paix imaginaire, les bosniaques auraient fuit la veille (et auraient peut-être échappé au massacre), ils n'auraient pas laissé espérer un asile dans leurs bâtiments, idem les familles auraient fuit dans tous les sens... Bref, pour ce cas-ci, ils n'auraient pas été là, il y aurait certainement eu moins de dégâts. Quo Vadis Aida (La Voix d'Aida) nous remet un peu les idées en place sur l'efficacité de ces ONG, évidemment à ne pas généraliser, mais une vérité qui semble déranger (on n'en avait jamais entendu parler...). Tout en nous révoltant, le drame poignant construit solidement l'empathie que nous avons pour son personnage Aida (incroyable Jasna Djuricic), qui va tout tenter pour sauver sa famille de l'abattoir, et dont le final nous reste encore en travers de la gorge. La pauvre dame doit donc à présent


enseigner aux enfants de ses bourreaux, à essayer de leur inculquer une idéologie de paix, à eux dont les parents ont fusillé ses propres enfants


. On en ressort lessivé, les tripes tordues, le cerveau en ébullition devant tant de mensonge et de scandale. La Voix d'Aida s'est faite entendre dans toute la salle, personne n'a pu rester sourd à ce cri du cœur contre la guerre insensée et l'incapacité du monde à protéger les petites gens.

Créée

le 17 juin 2021

Critique lue 1K fois

3 j'aime

Aude_L

Écrit par

Critique lue 1K fois

3

D'autres avis sur La Voix d'Aida

La Voix d'Aida
D-Styx
9

Aussi bouleversant qu'effrayant

C’est l’une des grandes révélations de cette Mostra de Venise 2020, qui a bravé la tempête pour avoir lieu coûte que coûte en présentiel, là où tant d’autres festivals étaient contraints d’abdiquer...

le 11 mai 2021

24 j'aime

1

La Voix d'Aida
Fidjing
10

Critique de Fidjing : Apocalypse now !

Ce film de Guerre inspiré de faits réels est de Jasmila Zbanic. L'histoire se déroule en Bosnie à Srebenica au mois de juillet 1995 où des milliers d'habitants vont fuir leur ville à cause de la...

le 23 sept. 2021

21 j'aime

2

La Voix d'Aida
titiro
8

A Bosnian film

Rien à voir évidemment avec le film serbe déviant et malsain, d'une violence extrême, d'une horreur incroyable. L'histoire n'est pas la même, les enjeux ne sont pas les mêmes, toutefois, l'horreur...

le 23 sept. 2021

18 j'aime

9

Du même critique

The French Dispatch
Aude_L
7

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

le 29 juil. 2021

49 j'aime

Mulholland Drive
Aude_L
5

Tout le monde adore...sauf moi (snif).

Certes, David Lynch a un style bien à lui et reconnaissable entre mille, mais il faut l'aimer, si l'on veut s'extasier devant Mullholland Drive. Subjectivement, on n'y a rien compris, si ce n'est...

le 9 oct. 2021

41 j'aime

Dogman
Aude_L
8

Besson a lâché les chiens !

Caleb Landry Jones est vraiment stupéfiant, nous ayant tour à tour fait peur, pitié, pleurer (l'interprétation d’Édith Piaf en clair-obscur, transcendée, avec un montage si passionné, on ne pouvait...

le 18 sept. 2023

40 j'aime