On ne ressort pas indemne de la séance de Quo Vadis Aida. Tiré d'une terrifiante histoire vraie, le film va vous plonger dans l'horreur du massacre des bosniaques par les serbes, devant des organisations pour la paix qui regardent se jouer l'extermination les bras ballants... Ah, ils sont beaux ces perroquets, à parader avec leur flamboyante couleur bleue, à être de beau-parleurs qui répètent sans cesse le même discours "ne vous inquiétez pas, on va vous sauver, on est là pour ça", mais lorsqu'il s'agit d'y laisser quelques plumes, il n'y a plus personne. Pire, on voit qu'ils justifient toute non-intervention par des lois internationales, ce qui revient à dire que les droits humains, pour eux, ne doivent protéger que les assassins (pas touche aux mercenaires qui tuent des civils sous leurs yeux, en revanche, ils forcent les victimes à évacuer le camp pour monter dans les bus serbes qui les amènent directement à l'abattoir... On en a tombé nos yeux). On découvre même qu'ils ont empiré la situation : ils n'auraient pas promis une paix imaginaire, les bosniaques auraient fuit la veille (et auraient peut-être échappé au massacre), ils n'auraient pas laissé espérer un asile dans leurs bâtiments, idem les familles auraient fuit dans tous les sens... Bref, pour ce cas-ci, ils n'auraient pas été là, il y aurait certainement eu moins de dégâts. Quo Vadis Aida (La Voix d'Aida) nous remet un peu les idées en place sur l'efficacité de ces ONG, évidemment à ne pas généraliser, mais une vérité qui semble déranger (on n'en avait jamais entendu parler...). Tout en nous révoltant, le drame poignant construit solidement l'empathie que nous avons pour son personnage Aida (incroyable Jasna Djuricic), qui va tout tenter pour sauver sa famille de l'abattoir, et dont le final nous reste encore en travers de la gorge. La pauvre dame doit donc à présent
enseigner aux enfants de ses bourreaux, à essayer de leur inculquer une idéologie de paix, à eux dont les parents ont fusillé ses propres enfants
. On en ressort lessivé, les tripes tordues, le cerveau en ébullition devant tant de mensonge et de scandale. La Voix d'Aida s'est faite entendre dans toute la salle, personne n'a pu rester sourd à ce cri du cœur contre la guerre insensée et l'incapacité du monde à protéger les petites gens.