« Ladyhawke » est un film de 1985 réalisé par Richard Donner, qui met en scène Michelle Pfeiffer et Rutger Hauer, et, deux ans avant « Ferris Bueller’s Day Off », le jeune Matthew Broderick. Il s’agit d’une épopée médiévale, mâtinée de fantaisie, dont la bande originale est réalisée par Alan Parsons (et, notamment, jouée par son groupe, The Alan Parsons project).
Quelque part au XIVe siècle, dans le donjon d’Aquila – une enclave religieuse dirigée par un évêque intransigeant – est emprisonné un jeune et audacieux voleur, Philippe Gaston, que l’on surnomme ‘La Souris’. Guidé par son intuition et sa souplesse, il réussit à s’échapper des geôles, devenant de fait le premier homme à s’en sortir. Furieux, l’évêque charge son captiaine des gardes, Marquet, de capturer le fugitif.
Courant éperdument à travers champs, forêts et routes de montagne, Philippe finit par atteindre un village où, croit-il, il peut souffler et s’offrir un verre bien mérité. Mais, les hommes d’armes d’Aquila l’ont précédé, et, malgré toute son agilité, il ne peut échapper à la capture. Blessé par l’un de ses propres soldats au cours de l’empoignade, Marquet ordonne la mise à mort du jeune homme. Intervient alors un chevalier, Etienne Navarre, tout de noir vêtu, qui disperse la soldatesque et emmène le jeune filou avec lui…
Philippe Gaston va alors, bien malgré lui, se retrouver embarqué dans une histoire bien compliquée.
« Ladyhawke » est un film assez déconcertant. Par bien des aspects, il prend la forme d’une espèce de conte pour enfants qui baigne dans un kitsch très 80’s assez immonde, mais d’autre part, il est se révèle également être un divertissement tout à fait honorable avec quelques réelles qualités.
Si le scénario est très simpliste, il est correctement exécuté, sans incohérences ni ressorts dramatiques absurdes – bien que le final soit d’une lourdeur certaine. Le pitch de base est bien exploité durant toute la durée du film, et c’est plutôt bien rythmé : se suivent des scènes d’action plus ou moins vitaminées (clairement, ça a mal vieilli), des dialogues ou scènes plus contemplatives. L’autre idée de génie est d’avoir choisi Matthew Broderick pour jouer le rôle capital de Philippe Gaston. Son personnage apporte la dimension comique et la légèreté qui sont absolument nécessaires au film si l’on veut éviter d’en faire une soupe imbuvable. Broderick y excelle et permet de dérider un ensemble sinon trop sérieux.
Le film bénéficie en outre de paysages naturels splendides et de décors magnifiques. Tournées principalement en Italie, les scènes d’extérieurs, en particulier celles qui se déroulent dans les montagnes, sont somptueuses et valent bien toutes les CGI du monde. Un certain soin a été apporté à la reconstitution, et si l’on passe quelques détails (des uniformes criards qui sont une insulte peu voilée au bon goût), cela crée une atmosphère médiévale tout à fait sympathique. On regrettera un peu l’isolement des personnages, qui nous empêche une véritable immersion dans l’univers.
Il faut dire un mot sur la qualité des interprètes. Le film peut s’enorgueillir d’un casting prestigieux, dont les deux têtes d’affiche sont Rutger Hauer et Michelle Pfeiffer. Si lui est une espèce gravure de mode au charisme ténébreux et à la voix caverneuse, elle, est belle comme une déesse avec ses cheveux d’or et ses yeux d’un bleu étincelant. Ils transpirent la classe, et malgré des dialogues parfois peu inspirés, les deux comédiens donnent une certaine mélancolie, une certaine gravité à leurs interprétations. Entendons-nous bien, si les acteurs choisis avaient été moins beaux que ces deux là, le film marcherait nettement moins bien.
Et, à côté de ça, le film est quand même un mélange assez douteux de mauvais goût, voire parfois d’un kitsch dégueulasse – mention spéciale à la musique, un genre de rock progressif/électro tout à fait adapté à une épopée médiévale – qui a très mal vieilli, que ce soit dans les combats, lents et tendant vers le ridicule (à ce titre, les « Aventures de Robin des Bois », cinquante ans plus tôt, s’en tirent bien mieux…), ou dans les effets spéciaux, clairement datés. En dépit de tous ces petits éléments, ou peut-être grâce à eux, « Ladyhawke » constitue un divertissement tout à fait honnête, que je crédite d’un sept sans doute un peu généreux et influencé par le visage angélique de Michelle Pfeiffer.