Bouleversée, Nevenka Fernández raconte son histoire à un avocat. Ismael Alvarez, maire de la commune de Ponferrada, pour qui elle travaille et avec lequel elle a eu une aventure la harcèle depuis leur rupture. Doit-elle porter plainte au risque de tout perdre ?
Tout était trop beau, trop facile, pour cette liane studieuse de 24 ans, nommée sans expérience, conseillère municipale par le populaire Alvarez, veuf depuis peu. Les gestes attentionnés, puis déplacés, les bouquets trop voyants ou les petits mots doucereux laissés sur le bureau laissaient peu de place au doute. D’autant plus que la réputation de Don Juan du séducteur n’était plus à faire. Trop confiante, trop naïve, la gazelle se laisse happer par le vieux lion aux pattes libidineuses. Il faut le voir la chercher des yeux lors d’une soirée électorale et tenter de lui courir après. Les sonneries incessantes du Nokia sont autant de flèches empoisonnantes. Et les tambours de la Nuit templière annoncent une montée au gibet. Harassée, décharnée, la proie cède jusqu’à la suffocation. Mais se taire signifierait la fin.
En 2000, briser le silence était encore un acte de courage rare. Nevenka Fernández fut la première en Espagne à intenter un procès contre un homme politique pour en révéler l’emprise. Le film d’Icíar Bollaín lui rend hommage. Rigoureux mais sans surprise, il décortique avec méthode la manipulation toxique du puissant et la terreur qu’il finit par infliger à sa victime. Les regards d’aujourd’hui ne doivent plus tolérer ces actes de destruction massive sans qu’ils ne soient dénoncés, ni condamnés.
(6/10)
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