No Music
Ce film est un petit bijou ! Rahul et Anjali sont les meilleurs amis du monde , ils font tout ensemble dans leur école , pratiquent des sports , tous les mecs ne regardent qu'Anjali garçon manqué ,...
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le 21 juil. 2012
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Déjà appelons le Kuch Kuch Hota Hai, pas par snobisme mais parce que l'éditeur du DVD a lui même mis une balle dans la tête au titre Français.
Ensuite oui c'est indéniablement kitsch. Pour étouffer ce sentiment de plaisir coupable que procure le film, pas la peine de nier, il va falloir trouver des arguments à se répéter jusqu'à auto-conviction. Tout en étant plus persuasif que se présenter pipe à la bouche cerclée d'un bouc et l'encyclopédie des métaphores sous le bras en professant "Tu vois les ruines du château écossais représentent son désarrois". Là où KKHH (ça sera moins fastidieux que retaper le titre entier à chaque fois) surprend c'est dans ses étranges influences venues de la télévision.
Le film s'ouvre comme un soap opera avec ses lieux rapidement identifiables. D'abord la chambre d'hôpital où se joue le premier drame. Dans les drames sériels de la télévision c'est le lieu récurrent des annonces de maladies incurables, de naissances et de décès (1997-1998 est la période où la série purement médicale Urgences est à son pic d'audiences). KKHH reprend tous ces éléments et condense les révélations la vie et la mort en peu de temps : Rahul (Shah Rukh Khan) devient veuf et père en l'espace de deux minutes. Ces excès dramatiques contrastent avec le cadre simple et l'image épurée par un éclairage prégnant.
Par la suite l'esthétique soap se retrouvera dans toutes les scènes de domicile. Des plante vertes en plastique (par groupe de cinq) à la lumière, en passant par la caméra anémique et même des robes en soie !
À ses huit ans la fille de Rahul découvre avec nous la jeunesse de son père et sa meilleure amie Anjali (l'excellente Kajol, on y reviendra). Ici débute la folie. On quitte temporairement l'austérité du soap pour un univers grouillant de vie, coloré, aux échanges vifs.
Nous sommes au début des années 90 reconstituées telles que les représentait la télévision dans ces sitcoms adolescentes. Les skates virevoltent d'un flirt à l'autre dans les couloirs de l'université, les ballons volent au dessus des têtes engluées de gel et les jogging fluos sont l'uniforme. L'histoire d'un triangle amoureux se dessine dans cet univers insouciant, tout droit sorti de séries lycéennes et des clips de la criarde et récente MTV.
Tout commence rapidement, les répliques fusent aussi vite que le ballon et la première chanson démarre. En 1998, les références aux derniers blockbusters se sont répandues pour moderniser Bollywood. Comme un pied-de-nez à cela, c'est West Side Story qui est détourné à travers des images MTVesques. La chorégraphe Farah Khan fait ses armes sur ce qui deviendra son genre de prédilection : le pastiche.
La seconde chanson explore plutôt le côté série lycéenne de la TV pour adolescent avec ses enjeux de compétition inter-université, ses élèves musiciens et le glissement de la tension à la fête. Elle débute par une blague sur l'utilisation du playback pour mieux plonger dedans Les maladroits se transforment en danseurs et musiciens hors pairs sous les acclamations. (À noter plus tard une autre incursion de musique dans l'entre deux du diégétique et de l'extra diégétique par le fabuleux "no music" susurré par Kajol)
La chanson narrative scelle les enjeux sentimentaux du trio de protagonistes et bien que l'ambiance soit à la célébration, l'insouciance étudiante concède une pointe de mélancolie.
Le film prend dès lors une forme plus classique de mélodrame pour conclure la première partie. Les deux chansons sont plus sobres et le pic émotionnel se produit évidement durant une jolie scène symbolique sur le quai d'une gare. Malheureusement le début de la seconde partie s'attarde trop longuement dans des scènes soap, donc laide, mettant en place la deuxième intrigue.
C'est la réapparition de Kajol qui redonne sa fraîcheur au film. Karan Johar dont c'est la première réalisation s'est avéré n'être qu'un artisan du tire-larmes. La mise en application de l'idée de départ de reconstitution des années 80/90 via leur TV doit plutôt sa réussite à la chorégraphe Farah Khan et aux acteurs (pas uniquement leur jeu, les stars ont suggéré des modifications judicieuses à la mise en scène). Shahrukh Khan est inégal, déchaîné en bellâtre, ses scènes de comédie en père au costume trop grand sont un peu gênantes. Kajol vole la vedette en interprétant ici son meilleur rôle. Elle incarne à elle seule l'ambiance de chaque époque. Bouillonnante, gesticulant sur les côtés, grimaçant à l'arrière plan ou débitant d'une voix aiguë un flot de paroles impressionnant, elle est partout dans le foisonnement des années étudiantes. Ce beau personnage d'adolescente à la fois assurée et maladroite contraste, 10 ans plus tard, avec la femme grave et timide alourdi par le double deuil familial et sentimental. Sa capacité à passer de l'euphorie à la mélancolie porte la dualité du film entre l'exubérant pastiche télévisuel et le drame romantique.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films indiens, Top Kajol, 1990/2000, Les meilleurs films sur l'adolescence et Les meilleurs films de 1998
Créée
le 13 juin 2016
Critique lue 794 fois
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