Eh ! Viens par là saloperie ! (ou comment croquer dans une pomme moisie)

Le 1 était bon. Voir, très bon. Au deux, les fans du premier se sont dit que quelque chose n'allait pas. Au trois, on a cru à une vaste blague.
...
Je savais que j'allais m'infliger quelque chose de terrible mais que voulez vous, un nouveau Lake Placid huit ans après le 3, comment ne pas résister ?
Peut être que l'équipe technique, désireuse de s'amender de ses erreurs passées a pondu un quatrième volet pour rehausser le niveau de la saga ?
Peut être, peut on espérer revoir à l'écran un crocodile de synthèse convenable ?
Peut être peut on espérer des personnages pas trop idiots ?


Spoiler : Ce n'est pas le cas.


Par où commencer ? Eh bien sachez que j'avais un réel espoir au début du film. Malgré une bande de jeune stéréotypée, comprenant un geek pro des ordis, un black hyper nerveux et grossier, un couple supra niais et la petite sœur qui ne sait pas ce qu'elle fout là, on nous parle d'écologie, d'écoterrorisme et d'exploration en mode urbex.
Pour un film qui s'appelle Lake Placid The legacy, c'est audacieux.


Pas de lac aux eaux noirâtres, de curieuses silhouettes sous l'eau ou de bain de sang.
Je me demandais donc comment les réalisateurs allaient amener, brillamment à n'en pas douter, les crocodiles, les baignades sanglantes, etc...
Eh bien il n'y aura rien de tout ça !
Oui, vous m'avez bien lu. Enfin, non, je suis mauvaise langue. Il y a bien un lac, mais pendant 5 minutes. Après, on est sur une course poursuite croco-humains dans des tunnels, un peu comme quand Frodon s'attaque à l'araignée.
DONC !


Nos joyeux protagonistes qui ont décidés de raccrocher leurs actions anti pollution (parce que, à un moment, faut arrêter la déconne et construire une vraie vie comme dirait maman), se font harponner par leur grand rival de toujours cruellement dénué de charisme. Car oui, la lutte anti couche d'ozone, c'est secondaire, les groupes d'écoterrorisme mènent une petite guéguerre entre eux pour savoir qui sera le moins conventionnel.
Apparemment, y aurait un super lac quelque part, un lieu complètement condamné aux tourisme et inatteignable. Ni une ni deux, nos gais lurons, menés par un mec qui ressemble à Mister J Day, courent se jeter dans la gueule du loup. Ils font face à la première épreuve, à savoir une terrible GRILLE qu'ils franchissent d'un coup de pince pour péter la chaîne.
Infranchissable disait t-on.


Et là, c'est le choc. Une forêt, comme à Tchernobyl qu'ils disent, avec un lac et le camp de leur rival totalement ravagé. C'est seulement quand ils trouvent un mec dévoré au niveau du tronc perché dans un arbre (oui oui...) qu'ils se rendent compte que c'est peut être sérieux.


Ils veulent traverser le lac et direct, le bateau se fait taper par le crocodile qui bouffe un mec. Rapide donc.
Ils s'enfuient vers une espèce d'usine désaffectée (on est dans lake placid ou à silent hill au juste ?) Puis, démarre une pitoyable fuite qui démontre la vacuité de l'écriture. Ils sont mangés un par un, sans être capables de rien, comme une fille qui se sacrifie pour le geek qui meurt lui même sans avoir réussi à contacter les secours, ou MJD qui se sacrifie pour sa belle alors que son explosif ne sert même pas à, ne serait ce que ralentir le crocodile.


On justifie l'histoire des crocodiles par une vieille explication moisie à base de "scientifiques fous clonent grosses bébêtes entre elles pour créer l'antidote à toutes les maladies du monde gné" (Heu, quoi ?) "Oups, la bestiole nous échappe lol" à tel point que c'en est désespérant.


Le crocodile est moche, l'image de synthèse est juste dégueu (enfin, un peu mieux que le trois, quand même...) et on cache ça en le faisant apparaître dans des couloirs sombres. Parce que, moins y a de lumières, moins on voit les défauts ! En plus, il rugit. Et il traquera tous les protagonistes, des tunnels de l'usine aux recoins ténébreux de la forêt, il est déterminé à dévorer tout le monde.


Faisons une pause un instant. Quel est l'intérêt d'utiliser un crocodile comme antagoniste dans une fiction ?
C'est un animal inquiétant. Il a de petits yeux sournois qui brillent dans le noir, une grande mâchoire pleine de dents, il peut se dissimuler complètement même dans un faible volume d'eau. Le crocodile est terrifiant pour sa réactivité, il est complètement immobile et l'instant d'après bondit sur sa proie. Un crocodile est agile sous l'eau, mais il se montre tout aussi rapide sur terre et il peut faire de hauts bonds hors de l'eau. Le crocodile, c'est l'animal qui ne va pas lâcher ton bras une fois qu'il l'a attrapé, qui va t'entraîner sous l'eau pour te noyer tandis qu'il s'agite comme un fou afin de te démembrer.
On parle d'une bestiole impitoyable, dangereuse.


Alors, avec toutes ces pistes pour susciter la peur, la seule qu'ils ont choisis dans ce film, c'est de le faire se déplacer lentement dans des tunnels sombres en grognant ? Et ne parlons pas de ses phases d'attaques, même mon arrière grand mère est plus vive que ça.


La force de Lake Placid 1, c'était de présenter le crocodile du lac comme une terrible menace pour la faune et à terme, pour les humains de par sa nature de crocodile justement. Le shérif le dit lui même "Il n'y a pas de crocodiles ici." et pourtant si, il y en a bien un. Ils ne sont pas du tout équipés pour ça, mais les protagonistes vont devoir tout faire pour dégager cet animal, parce qu'ils n'ont pas le choix. C'est seulement à la fin du film que le spectateur comprend à quel point cette mission est difficile car on prend pleinement conscience de la taille du crocodile, combien il est grand, gros et dangereux. Son physique surdimensionné renforce la crainte du public. Le message est clair : c'est un prédateur.


Dans Lake Placid Legacy, on sait d'emblée qu'il y a un énorme monstre qui se balade dans les couloirs et tous les plans sensés nous impressionner ne font que renforcer cette extrême sensation de lassitude qui apparaît vers 45 minutes.


L'apothéose s'achève par la mort du crocodile, d'ailleurs très originale puisque les survivantes le font exploser (du jamais vu). Ni une ni deux, elles se tombent dans les bras en riant (l'une vient de perdre son petit ami au fait. En plus, le film montre bien à quel point ils s'aiment, mais passons...) Le temps de lâcher une petite boutade et elles décident de rentrer A LA NAGE. Mais oui, quelle bonne idée.
On les voit donc s'éloigner à la brasse tandis qu'un museau effilé et deux yeux méchants surgissent de l'eau.... Tintintin ! Fin. A quand la suite ?


Bref, Lake Placid Legacy c'était une mauvaise idée qui montre bien que l'avancée dans le temps ne garantit pas de meilleurs effets spéciaux. Cette saga défie toutes les lois de la physique en progressant par régression.

GaellePavloff
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le 20 sept. 2018

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GaellePavloff

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