C’est un sentiment diffus d’inachevé qui s’empare du spectateur lorsque résonnent les premières notes du générique de « L’amour au présent ».Le sentiment étrange d’avoir assisté à un mélo un peu terne, aux thèmes mille fois visités (souvent avec des résultats plus heureux), transcendé pourtant par des scènes d’émotions réelles et rehaussé par une narration déstructurée, déroutante mais bienvenue.


Les premiers plans découvrent un jeune couple Almut (Florence Pug cheffe dans un restau gastronomique londonien) et Tobias(Andrew Garfield, informaticien fraichement divorcé) ; la rencontre souvent point d’orgue des films romantiques, viendra donc plus tard dans cette chronologie déstructurée, alors que déjà la vie se sera chargée d’apporter son lot d’écueils.

Il en ira ainsi pour bon nombre de situations, de conversations initiées alors que le dénouement en aura déjà été dévoilé, l’habilité du scénario consistant à ne jamais se perdre (ni nous perdre) dans la narration.


Le procédé, pourtant habilement exploité donc, a probablement nécessité un travail d’écriture et de montage minutieux, mais malheureusement ce souci du détail est probablement ce qui empêche le métrage de prendre son envol et de susciter le tourbillon d’émotions promis.

Certes, ces fragments de vie d’un couple réservent quelques scènes mémorables (mais quasi toutes exposées déjà dans la bande annonce), l’alchimie entre les deux acteurs est assez saisissante. Les deux sont parfaits dans leur jeu, leurs doutes, leurs réflexions, beaucoup moins dans leur spontanéité, ou dans leurs élans amoureux millimétrés, intellectualisés à l’extrême, les dialogues sont parfois trop nombreux sur explicatifs et uniquement initiés en préambule de ces fameuses scènes marquantes.

De fait « We live in time » devient lui-même un objet d’éparpillement, oscillant en permanence : entre la romance le drame, la réflexion sur le couple et les choix individuels de chacun, sans emprunter une direction claire et sans même que son directeur ne s’aperçoive que peu à peu le film se décline plus en un beau portrait de femme qui aurait mérité d’être plus approfondi ,


(car Florence Pugh est stupéfiante de justesse dans le rôle de jeune femme que la vie, la maladie ont contrainte à murir trop vite, à faire des choix courageux)

Pourtant , malgré toutes ses imperfections , l’amour au présent est un objet qui ne laisse pas insensible, loin du mélo guimauve que promettait son affiche, son propos questionne et résonne encore quelque temps après son visionnage, ce qui est en général révélateur de l’impact futur que pourra avoir un film : il n’est pas exclu qu’un second visionnage lui apporte un peu plus de crédit


Yoshii
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