Ça démarre sur les chapeaux de roue comme si Almut (Florence Pugh) et Tobias (Andrew Garfield) avaient quelque chose à rattraper, pour vivre à temps. Ils se rencontrent à l’hôpital, elle accouche de leur fille dans une station-service, on lui diagnostique un cancer des ovaires de stade 3. Trois scènes qui s'enchaînent et constituent le prologue.
Trois chronologies qui s’entremêlent formant un méli-mélo de temporalités, d’informations, d’émotions, de choses dites, de choses tues. Une structure qui permet au cinéaste de se focaliser sur les moments forts, les choix les plus impérieux d’une vie. Ce qu’il reste, après la mort et qu’on n’oublie jamais. Les traces qu’on laisse et la manière de les transmettre. Cet héritage mystérieux composé de choses matérielles et immatérielles, organiques et spirituelles.
On rit, on crie, on frémit, on pleure. C’est inévitable. C’est calqué sur nos vies. Le film ne triche pas.
Les dialogues ne sont pas l’important et assez peu travaillés. On s’en moque. Seul l’amour à vivre en temps réel compte. D’ailleurs, ce film aurait pu être muet. Le propos est plus intime et infinitésimal que la parole : le jeu de regards, une coupe de cheveux, les sourires, les lèvres qui tremblent, les visages en colère, les bras ballants de déception, les mains qui tremblent d’impatience, les haut-le-cœur, les empoignades d’amitiés, les corps frémissant d’impatience, la dignité d’un corps affecté.
Si le personnage de Tobias est plus en retrait que celui d’Almut, il n’en est pas moins l'homme qu’elle a choisi. Comme si elle avait su que lui seul pourrait incarner le soutien discret et inconditionnel dont elle aurait besoin ; lui seul, effacé, saurait la faire grandir, elle si intense, la cheffe, « la meuf qui trace » ; lui, responsable jusqu'en avenir, elle fougueuse au présent.
Un film bien moins simpliste ou mélodramatique qu’on pourrait le croire.