Il y a des films qui marquent des périodes de nos vies, dont l’on se souviendra comme témoins de moments qui nous ont marqué, qui nous ont fait grandir, qui nous ont accompagné à des moments où l’on avait besoin de rire, de pleurer ou tout simplement d’aimer. C’est alors que l’on trouve l’oeuvre qui match, celle qui nous permet de transférer toutes nos projections, de s’identifier à un idéal que l’on s’imagine sans soucis vivre.

Sans aller jusque là, c’est un peu ce que j’étais venu chercher en allant voir We Live in Time. Une représentation de l’amour sobrement comptée, propre dans sa mise en scène, une sorte de This is Us du grand écran…

Bien que j’adore être surpris par un film, We Live in Time est exactement ce que j’attendais, ce dont je voulais, ce dont j’avais besoin. C’est un film qui m’aura marqué bien au-delà de ce que l’on voit, j’ai eu l’impression de « vivre » le film pendant 2h, bien que le fond soit triste, toute la beauté et la sincérité m’ont juste donné envie de vivre quelque chose de la sorte.

Déjà, narativement, le film est structuré via des entremêlements temporels comme dans This is Us (pas mal déjà le niveau de la référence). Le premier tiers du film jongle sur les temporalités pour arriver à capter les causes / conséquences de la formation du couple entre Tobias et Almut, de leur volonté d’avoir un enfant ou de l’appréhension du cancer d’Almut. C’est séquencé assez vite au début et ça jongle à grosse fréquence entre les timelines histoire de nous faire réfléchir différemment qu’à l’accoutumé.
Sur les trois timelines, à la limite celle du « présent » peut paraître un poil décevante dans son contenu (elle apprend que son cancer s’est réveillé, décide de fuck-off, vont se marier, elle fait le concours, ils se marient pas, elle meurt…). Je chipote car au final, narativement on s’y retrouve et c’est efficace.

Andrew Garfield et Florence Pugh, tout simplement. Déjà que vous prêcheriez un convaincu si vous me dites qu’Andrew Garfield est un grand acteur, on ne peut que souligner sa prestation qui est d’une humanité hors normes. On sent qu’il donne une partie de lui dans ce rôle, certainement que le scénario doit faire lui faire écho. Florence Pugh confirme sa place parmi les actrices les plus cotées du game. Ils incarnent à eux deux l’alchimie quasi parfaite requise pour dépeindre toute la beauté et la complexité d’un couple.

We Live in Time est assurément l’une des oeuvres qui dépeint au mieux l’Amour. Certes c’est très romancé, tout est à sa place et on peut se demander si cela dépeint « la vraie vie » (certainement pas) ; mais dans sa manière d’aborder la vie de couple, les notions de sacrifice, de parentalité, de choix entre vie professionnel et dilemme personnel le film pourrait se qualifier comme « déconstruit ». Il remet au centre du débat les vieux schémas de couple vus et revus où la femme est un être fragile ayant besoin d’être sauvée évidemment par une figure masculine protectrice. Non, ici ce schéma est balayé pour coller à une vision du couple bien plus cohérente avec « la vraie vie » pour le coup. We Live in Time change les codes des love story, non pas en renversant les rôles mais en les mettant sur un même pied d’égalité.

La bande-son enveloppe le film d’un voile à la fois doux et inspirant. C’est très léger, très sobre, sans vouloir être bateau je trouve que c’est à l’image du couple représenté. Donc merci pour les travaux Bryce Dessner.

En bref, We Live in Time est à mon sens l’une des références dorénavant quand on parle de love story. Sa qualité première est de dépeindre un amour crédible, le rendant encore plus touchant, accessible aux masses qui voient ce film, qui savent qu’une happy-end n’est pas nécessaire. Si l’Amour à l’époque de Nos étoiles contraires me faisait fantasmer dans sa description du panache et du courage, We Live in Time parle plus aujourd’hui au jeune adulte que je suis… Porté par des acteurs juste merveilleux, le film a toutes les qualités pour prendre une ampleur qui va bien au-delà d’une simple oeuvre cinématographique, elle est assurément inspirante.

TheBiks
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le 25 janv. 2025

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