Larry Flynt n'est pas un héros américain. Tout juste est-il un homme d'affaires avisé dont l'édition de revues de charme, version hard, a fait la fortune. D'ailleurs, Milos Forman, pas plus que le spectateur, n'est séduit par cet homme outrancier qui cultive, dans sa publication Hustler comme dans la vie, le mauvais goût et la lubricité.
Cette grossièreté attachée à la personne de Larry Flynt n'en est que plus utile et significative dans la démonstration de Forman, dans sa défense d'une liberté d'expression inconditionnelle. Selon le cinéaste, le fameux premier amendement de la Constitution américaine, si souvent cité ici, doit protéger toutes les opinions même lorsqu'elles sont excessives et complaisantes.
Sans caricaturer les ligues de vertus qui assaillent Larry Flint, sans auréoler un personnage dont le jusqu'au-boutisme, dans sa défense de sa liberté d'expression, relève davantage d'un comportement orgueilleux et névrotique que d'une conviction philosophique, Forman ne défend que le postulat qui lui est cher: la liberté.
Entre deux batailles juridiques, le cinéaste brosse le portrait de Flynt, observe un homme de plus en plus sujet à la mégalomanie et aux provocations paranoïaques, ne lui accordant guère, pour toute qualité, que sa fidélité amoureuse.
Amusant parfois, le film déçoit pourtant par son manque de subtilité, notamment dans l'évocation de la création du journal de Flynt, laquelle aurait mérité davantage de distance ironique et de dérision. Woody Harrelson, composant Larry Flynt, est néanmoins très convaincant.