Danny, onze ans, est un enfant mal dans sa peau. Sa seule échappatoire au quotidien insipide d'un New-York terne chez sa mère à peine divorcée : le cinéma, et surtout pour y voir les films des aventures explosives du flic de choc Jack Slater interprété par Schwarzenegger. Un jour, le projectionniste du cinéma du quartier l'invite à voir le dernier film de la série lors d'une soirée de contrôle des pellicules, la veille de sa sortie officielle. Cerise sur le gâteau, il lui a aussi préparé un autre cadeau : un billet d'entrée qu'aurait enchanté Houdini. Mais le billet est vraiment magique, et Danny se retrouve projeté dans le film, aux côtés de son héros Jack Slater avec lequel il va vivre une aventure extraordinaire !
L'industrie d'Hollywood a ceci de particulier qu'elle est capable du pire comme du meilleur : après les explosions successives à la fois de records de budgets et de taux d'audience des films d'action des années 80, il était temps pour ce genre de se trouver enfin dynamité à son tour par le monde même du cinéma qui l'avait engendré.
Car Last Action Hero est bien une parodie, mais aussi – comme la plupart des attitudes de ce type – un brillant hommage, en l'occurrence à ces films d'action au propos tous aussi inexistants pour les uns comme pour les autres et qui commencèrent à tomber en déluge sur les salles de projection du monde entier dès la fin des 70s. S'il n'y a pas beaucoup plus de propos dans celui-ci, on y trouve néanmoins une critique – souvent très drôle, pour autant qu'on en possède les clefs – de ce genre bien particulier qui se prête d'autant plus à la réprobation que ses exagérations systématiques pour s'attirer les bonnes grâces d'une audience peu encline à l'élitisme en font la cible privilégiée du rigorisme intellectuel. La différence avec les articles du niveau de publications comme Les Cahiers du Cinéma tient dans le fait qu'ici le réalisateur prend le diable par la queue et nous propose au final un autre film d'action.
Mais pas n'importe lequel. Si au début, nous y suivons Danny à l'intérieur d'un film dont la vocation est de distraire, le récit amène assez vite les protagonistes principaux à en ressortir pour rejoindre la réalité même. C'est là pour Jack Slater l'occasion de comprendre qu'elle est la véritable nature de son existence – ce qui lui occasionne nécessairement un choc, surtout quand il rencontre le comédien qui l'incarne – et pour le spectateur de réaliser pourquoi en fin de compte il aime les films d'action – car ils sont bien plus excitants que la réalité, forcément. C'est à travers cette double mise en abîme que Last Action Hero prend tout son sens, qu'il sort du cadre du burlesque – certes parodique mais néanmoins limité en dépit d'originalités certaines – pour rejoindre celui de l'hommage – en encensant un cinéma sans cesse décrié mais dont on ne parvient toujours pas à se passer malgré tout.
Last Action Hero ou quand « Arnold flingue Schwarzy », bien sûr, mais aussi quand l'audience sort de la salle plus savante à son propre sujet qu'en y entrant, ce qui aux dernières nouvelles reste une des marques de ces œuvres qui comptent vraiment... celles qu'on est pas prêts d'oublier.
Notes :
Peut-être à cause de la sortie de Jurassic Park une semaine plus tôt, Last Action Hero fut un échec au box office américain, rapportant à peine 50 millions de dollars alors qu'il en avait coûté 85 – un budget important pour l'époque.
Last Action Hero a néanmoins connu un gros succès d'estime, par l'intermédiaire d'un bouche à oreille pour le moins élogieux, et notamment à travers l'exploitation VHS, au point de devenir un film culte.
Les férus de cinéma ne manqueront pas de noter de nombreuses références et clins d'œil aux plus grandes productions, populaires comme d'auteurs, tout au long du film.