Last Action Hero commence -t-il sur une parodie ? Parce que quand même : Schwarzy marche sur des voitures, allume son gros cigare, gros plan sur ses pompes kitschissimes, et on arrive de suite au face-à-face avec le grand méchant qui prend en otage son gosse... C'est le genre de scène paroxystique qu'on a à la fin du film, d'habitude. Enfin bon, vous l'aurez compris, c'est pas très clair. Parce que les films avec Schwarzy sont en soit déjà une caricature. La frontière est donc bien mince.
Mais on passe de l'autre côté de l'écran. On se trouve dans un cinéma où il n'y a qu'un spectateur ou presque : Danny Madigan, 12 ans, qui regarde le film en spectateur habitué. Il n'est pas dupe, mais il est bon public. Il savoure les répliques outrées de son dur-à-cuire préféré, se délecte de la prévisibilité des scènes et jouit de la confrontation virile du méchant et du gentil. Danny Madigan, c'était moi dans mon adolescence qui bouffait du film d'action amerloque ou hongkongais au kilomètre, c'est encore un peu moi dans mon éternelle adulescence qui aime de temps en temps laisser mon cerveau au vestiaire le temps d'un plaisir coupable. Que ce soit les films romantiques ou les films d'action, ce sont des œuvres qui nous parlent directement sans trop passer par le rationnel.
Danny est le stéréotype de l'enfant hollywoodien à qui on ne la fait pas, flanqué d'une mère aimante mais reloue-parce-qu'elle-fait-son-devoir-de-mère et d'un vieux briscard décati-mais-tellement-cool qui est son seul ami. Ces personnages, stéréotypes hollywoodiens par excellence, sont parfaitement mis en scène par un John McTiernan qui sait y faire.
Ensuite vient le clou du spectacle : Danny reçoit du vieux briscard un ticket magique, qui va lui permettre de rentrer dans le film. Danny rejoint donc Schwarzy dans son film de flingues. On raffole tout de suite d'énumérer les références grosses comme une maison comme l'apparition du T1000, de Sharon Stone (un an après Basic Instinct), de JCVD ou d'un personnage de cartoons qui rappelle Qui veut la peau de Roger Rabbit ?. On est complice de Danny quand il pointe du doigt les incohérences et les outrances du film. Il répète à Schwarzy qu'il est dans une fiction, qu'il est la fiction.
Et puis on commence à s'ennuyer. C'est trop too much et ça se répète. Il faut attendre le grand retournement de situation : après que la réalité de Danny ait rejoint la fiction, c'est la fiction qui rejoint la réalité. C'est-à-dire que le méchant récupère le ticket et décide de rejoindre le monde réel. Et donc Danny et Schwarzy le suivent. Tout d'un coup, on se réveille. Ça va redevenir intéressant !
Mais c'est là que le film commence à toussoter. Après que Schwarzy ait remarqué que dans la réalité, on se fait mal en cassant des vitres à mains nues et deux-trois autres détails, la réalité rejoint la fiction. On ne voit plus bien la différence d'un côté ou de l'autre de l'écran. Comme si McTiernan et Schwarzy se disaient que finalement, leurs films sont assez proches de la réalité. Et c'est là le gros problème : là où le scénario génial du film appelait un peu plus de réflexion adulte, un peu plus d'esprit critique sur l'écart béant entre les pitreries divertissantes hollywoodiennes et la réalité vraie, le film reste dans le bégaiement puérile.
Si Last Action Hero avait poussé sa réflexion sur le cinéma d'action et son impact sur le public adolescent un peu plus loin, ç'aurait pu être un chef d'œuvre du septième art ! Malheureusement, le seul truc spirituel qu'ils arrivent à trouver, c'est que « Il n'y a qu'ici, dans le monde réel, que les méchants peuvent enfin gagner, Jack ! » ! Hum ! C'est à l'aune de films pivots comme Last Action Hero ou Tueurs nés qu'on constate qu'à Hollywood, certains ont perdu tout sens des réalités.