Si on devait parler des plus grands films dans lesquels a joué l'acteur au nom quasi impossible à épeler pour les néophytes Arnold Schwarzenegger, on penserait sans aucun doute à ces chers Terminator 1 et 2 de James Cameron, à Total Recall de Paul Verhoeven, à Predator de John McTiernan ou encore à la rigueur à Conan le barbare de John Millius. Oui, que des très bons films, au moins. Mais il y a également le film que j'aime surnommer "La fabrique à répliques cultes", qui s'est fait boudé aux États-Unis, sur le plan critique et financier (la vague jurassique de Steven Spielberg n'ayant pas aidé), mais qui fait pourtant partie du haut du panier de la filmographie de Schwarzie et c'est là qu'on va parler de Last Action Hero de John McTiernan.
Nous sommes dans les années 90. Les deux icônes du cinéma d'action bourrin comme il faut, Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger, continuent à se livrer une guerre sans merci. En 1993, l'éternel interprète de l'étalon italien nous sort un très décomplexé et très fun Demolition Man de sa manche, tandis que notre T-800 nous pond Last Action Hero, à première vue une parodie des gros blockbusters américains où Schwarzie et McTiernan n'y vont pas de main morte dans l'auto-dérision. Oui, les années 90, c'était l'époque fleurissante pour les blockbusters, dans la continuité des années 80. L'époque où la filmographie de Steven Seagal fleurissait, où Stallone qui en avait pour le moment terminé avec Rocky devenait la vedette de chefs-d’œuvres tels que Arrête ou ma mère va tirer ! ou Judge Dredd. Et bien Last Action Hero, en bon film malin qu'il est, témoigne tout son amour pour cette belle époque.
Danny est un jeune garçon qui comme beaucoup de jeunes garçons dans les films sèche les cours pour X ou Y raison. Lui, c'est pour aller au cinéma, voir en particulier les films de Jack Slater, un héros de films d'action joué par Arnold Schwarzenegger qui nous a d'ailleurs donné droit à ce qui est sans doute la meilleure adaptation d'un Shakespeare au cinéma ("Être ou ne pas être... ne pas être"). En allant voir le 4e film de la saga, Danny se voit remettre de la part du projectionniste un ticket magique qui lui permet de voyager dans le film, dans lequel il se retrouve mêlé à une sombre intrigue policière. Il va pouvoir donner un sacré coup de pouce à Schwarzie grâce à ses connaissances en matière de films d'actions et de tous ses clichés propres, mais aussi constamment l'emmerder pour notre plus grand plaisir.
Et c'est partie pour un défilé d'inventivité de la part de McTiernan et des scénaristes Shane Black et David Arnott. On s'éclate devant ce film qui passe au peigne fin tout un domaine propre du cinéma et en ressort toutes les spécificités pour mieux les faire briller à l'écran. On entre avec plaisir dans cet univers où les voitures se conduisent sans les mains (avec un bon entraînement), où les policiers côtoient un chat de dessin animé ou un Humphrey Bogart tout en images de synthèse et noir et blanc, où les filles sont toujours à leur avantage en tenue latex ou autre, où les héros sont invulnérables, les fusils se rechargent seuls et les créneaux les plus improbables sont faisables. Le film ne se contente pas de tourner bêtement à la moquerie le domaine du film d'action, il joue avec pour mieux en faire une ode jubilatoire.
Ainsi, quand bien même on en vient à ne pas saisir toutes les subtilités, pas grave, Last Action Hero fait également partie de ce qui se fait de mieux en matière de film d'action qui déchire, avec son lot de scènes démentes et incroyablement jouissives. Et puis Last Action Hero c'est également comme je l'ai dit plus haut une véritable usine à répliques cultes. Presque toutes les minutes, au moins une réplique géniale. Si bien qu'il faudrait passer tout un après-midi pour ressortir toutes les répliques cultes du film avec un intervalle de cinq minutes entre chaque réplique ressortie (oui, une fois j'ai essayé, avec un de mes amis éclaireurs qui se reconnaîtra sans doute).
Le film de McTiernan n'y va également pas de main morte en terme de références (plus ou moins subtiles), il va même jusqu'à sortir les références les plus improbables, en juge la scène où la mort jouée par Ian McKellen sort du film Le septième sceau d'Ingmar Bergman, ou alors lorsque Danny explique à Jack que son ami joué par F. Murray Abraham a tué Mozart, rappelant Amadeus. Brillant ! Sans oublier les hommages à la fameuse marque ACME, ainsi qu'une chouette allusion de la part de Schwarzie à son rival de toujours Stallone par le biais d'une référence à Terminator 2 dans lequel Stallone a le rôle principal dans le monde de Jack. Stallone n'hésitera pas non plus à faire un petit clin d’œil à Schwarzie dans Demolition Man (souvenez-vous, Schwarzenegger président dans le futur).
La partie introduisant Jack dans le vrai monde montre quant à elle à quel point le film est plus intelligent qu'il en a l'air. Je trouve même cette partie émouvante, c'est vous dire. Comprenez : mettez-vous à la place de Jack et imaginez. Votre créateur est un scénariste (ou plusieurs), et toutes vos actions proviennent de sa plume et de tout ce qui lui passe par la tête. Vous n'existez que dans l'imaginaire collectif, vous êtes purement fictif. Tout l'art de rendre le personnage attachant et sa condition de personnage soumis à un simple script, de quoi remettre totalement en cause moult questions existentielles, tout en pointant du doigt au passage ce qui différencie, en mal, le monde fictif du réel, où la criminalité est banalisée et où les politiciens sont clairement désignés comme des incompétents.
Last Action Hero est un film bien réjouissant, un bon gros moment d'action furieusement jouissif avec les répliques cultes à foison qui vont avec, mélangé à une habile et hilarante parodie du genre qui ne fait jamais en sorte de lui marcher dessus, mais aussi un beau plaidoyer pour un domaine souffrant qui montre à merveille, à sa façon, que le cinéma, c'est quand même quelque chose de magique.
Et au passage, ça aurait été bien qu'Hollywood finisse par mettre la saga de Jack Slater en chantier, mais c'est trop tard j'imagine.