Quantième Art
Les romances américaines font écho à Broadway ; deux genres au succès immortel et inchangeant. Mais ce n'est pas parce qu'ils en font un grand nombre que c'est simple, et il est bien possible qu'au contraire, ils en fassent un si grand nombre parce qu'ils peuvent se le permettre, aussi bien au niveau des moyens que de leur expertise en la matière.
Or Last Chance Harvey passe à côté de cette plaque. Il mise sur une collaboration américano-britannique dont les symboles se répercutent aisément au-delà du monde anglophone, ainsi que sur celle de Dustin Hoffman et Emma Thompson (reflet de la précédente) qui avait été du tonnerre deux ans auparavant dans Stranger than fiction. Peut-être que les promesses ont tué les promesses.
Les premières vingt minutes sont insupportables de gênance inutile et hagarde, comme si les personnages débarquaient sur le plateau sans avoir la moindre idée de ce qu'est un film. On ne s'expliquera pas mieux comment ni pourquoi la gênance en question passe, d'ailleurs. Le tout est accompagné d'une musique à pleurer, mais pas parce qu'elle est émouvante. Touchante, tout au plus, au premier regard, très vite agaçante et monotone. Cela témoigne d'une sorte de forçage de l'ambiance dans un concept de « l'amour à tout prix » où l'on a de la chance que Hoffman et Thompson arrivent réellement à faire fonctionner l'alchimie qui est celle de leurs personnages, ou la chose serait tombée bien bas.