Si comme dans le reste de la partie expérimentale de la filmographie de Gus Van Sant le fil prend parfois des allures de rêve éveillé, par son esthétique (le travelling arrière oppressant s’éloignant progressivement du studio où Kurt Cobain habité, y enregistre à lui tout seul un morceau, ou encore les plans séquences en steady-cam qui accompagnent de dos le chanteur désabusé rentrant chez lui, sa silhouette se fondant dans la noirceur bleutée de la forêt) et son travail fait sur le temps (des séquences qui, comme dans Elephant, se répète, sous différents angles, se recoupent pour donner sens à ce qui jusqu’alors n’en avait que peu), l’intérêt de Last Days s’essouffle vite pour se perdre dans une lenteur silencieuse très vite profondément ennuyante. Des derniers jours de Kurt Cobain on aurait pu tirer beaucoup d’intrigues. Gus Van Sant préfère filmer les murmures et grommellements incompréhensibles d’un Michael Pitt métamorphosé, les délires ineptes de sa bande de colloc' et les arrivées intempestives de personnages inutiles.