Acteur dans les films d'Atom Egoyan (dans The Adjuster et Exotica) ou chez David Cronenberg (eXistenZ), et réalisateur à ses heures, Don McKellar nous livre ici un long-métrage faisant partie d'un projet cinématographique collectif, datant de la fin du siècle dernier. Peu de temps avant l'an 2000, dix films de dix pays différents furent produits, avec pour thème la fin du monde. C'est par le biais du film d'amour que Don McKellar se livre à cet exercice.
La fin du monde est annoncée pour le 31 décembre 1999, à minuit précise. La nature de cet événement n'est pas précisée pour le spectateur. Six heures avant l'heure fatidique, à Toronto, Patrick Wheeler rencontre une certaine Sandra et l'aide à tenter de retrouver son mari au beau milieu d'une ville en proie au désordre total occasionné par des foules de gens désemparés par leur fin imminente.
Ce film nous met en scène des personnages qui, malgré l'annonce de leur mort proche, se montrent incapables de profiter réellement du peu de temps qu'il leur reste à vivre. La plupart se ruent sur des futilités ou perdent simplement la raison. En tout cas ils semblent passer à côté de l'essentiel. Seul Patrick et Sandra auront peut-être la possibilité de vivre quelque chose de bien plus fort vu la relation qui se noue entre eux au fil du récit. Don McKellar, en philosophe, nous démontre, via ses protagonistes, ses situations, ses moments de drame, la tendance forte qu'a l'être humain à passer à côté de lui-même. Triste réalité, mais pas dénuée d'espoir.
(cette critique a été publiée dans le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" en janvier 2012, voir www.lepoiscaille.be )