Edgar Wright continue d'explorer les différents genres du cinéma, et sa version du thriller horrifique avec Last Night in Soho. Si son incursion dans le polar avec Baby Driver s’est révélée une réussite, ce nouveau film est en revanche plutôt une déception de la part du réalisateur.
Ainsi dans toute la première partie du film il déploie un univers coloré et dynamique, qui bénéficie du charme quasi-intemporel du Londres des années 60, virevoltant et glamour, et bien sûr porté par une bande-son régressive et nostalgique. C’est un peu facile mais on pourrait se laisser porter si le film n’alignait pas également des poncifs dans sa partie « moderne ». Notre jeune campagnarde se fait malmenée à la pimbêche urbaine et condescendante, la ville et les étudiants se révèlent hostiles, individualistes et sans charme. Tout pour inciter Éloïse à rester dans ses rêves, de l’autre côté du miroir.
Du point de vue technique, réalisation, composition et jeu d'acteur sont très bien ; enfin sauf ce jeu de lumière bleu et rouge pitié arrêtez ! la direction artistique des effets spéciaux laisse à désirer. Encore une fois ça fonctionne très bien au début avec ces jeux de miroirs entre rêve et réalité, et cette virevoltante robe rose, mais ça fonctionne beaucoup moins sur la fin.
Éloïse est médium et le rêve qu'elle rejoint toutes les nuits avec samedi tourne au cauchemar. C'est le film aurait pu développer un solide thriller le choix de partir dans l’horrifique dessert plutôt son propos pour finir clairement dans le kitsch (et oui l'escalier on ne peut pas le pardonner). La seconde partie du film s'avère vite répétitives, avec des enchainements toujours aussi convenus, des formes fantomatiques peu convaincantes et des black-out d’Éloïse un peu trop pratiques. Si personnellement le film a quand même tenu en haleine et que je n'ai pas forcément vu venir le twist final, il est quand même assez gâché par son exécution. Le défilé de fin paraît quant à lui très incongru, le film finissant ainsi sur une note très positive qui nous laisse vraiment dubitatifs.