Ellie vient des Cornouailles profondes, et débarque dans une école de mode branchée de Londres. L'intégration est difficile, d'autant plus qu'Ellie adore la musique et le style des 60's, pas vraiment du goût des autres élèves. Alors qu'elle trouve une chambre à louer, elle réalise que chaque nuit luit fait justement suivre une jeune et ambitieuse chanteuse des swinging sixties. Un rêve qui va rapidement se transformer en cauchemar...
Le premier acte laisse penser qu'Edgar Wright livre une déclaration d'amour à une période qu'il n'a pourtant pas connu (né en 1974). Entre des références multiples à la pop culture, les costumes & décors, la BO, les lumières flashy, l'immersion est totale. On a même le droit aux ex-Bond girl Diana Rigg et Margaret Nolan dans leur dernier rôle chacune (toutes les deux décédées en 2020) !
Sauf que rapidement, il s'avère que "Last Night in Soho" est tout autant un piège pour son héroïne que pour son spectateur. Car le réalisateur pointe du doigt la dangerosité de la nostalgie irréfléchie, masquant les failles béantes d'une époque idéalisée. En l'occurrence, les 60's en prennent plein la tronche, avec une critique saillante du sexisme ambiant... parfois transposé en 2021 (#metoo n'est pas loin !).
Les couleurs néons deviennent vite infernales, et Wright convoque très explicitement le giallo, en particulier "Suspiria", graphiquement mais aussi jusque dans son scénario. Cependant, si "Last Night in Soho" est visuellement très réussi, avec quelques séquences il faut bien dire assez dingues (les transitions en particulier), le film affiche un coup de mou avec un acte central répétitif.
C'est dommage car les idées et le traitement sont fort intéressants, tandis que les deux actrices principales (Thomasin McKenzie et Anya Taylor-Joy), campant des miroirs parallèles à plus de 50 ans d'écart, sont très convaincantes.
"Last Night in Soho" n'en reste pas moins un trip semi-horrifique à voir, qui n'a pas mérité son cruel échec au box-office (moins de 25 millions de dollars de recettes mondiales !), probablement du à des salles saturées à la sortie des confinements covid.