L'entrée en scène du film est frappante : une scène esthétique, sur un texte narré sur la marginalité, de regards de gens ordinaires, puis une femme, de dos, avançant. Son visage se tourne, on peut presque la voir, et le film commence.
Laurence est un jeune écrivain et prof de littérature qui vient de recevoir un prix assez modeste, mais notable tout de même. Il vit avec Fred dont il est éperdument amoureux. S'ensuit un bon de quelques années où l'on remarque un trouble chez Laurence, un intérêt particulier pour les femmes et leurs habitudes, leurs caractéristiques. Il annonce lors de son 35ème anniversaire à Fred qu'il ne se sent pas bien dans son corps d'homme, qu'il se sent femme, sans pour autant aimer les homme. Commence alors la transformation magistrale de Laurence, luttant dans un monde hostile et essayant de garder la femme qu'il aime.
Les thèmes abordés par Laurence Anyways sont évidents : l'amour, la marginalité, la famille et le statut social. Des thèmes courant et pourtant abordés avec une originalité rafraîchissante par Dolan, autant pour les relations familiales que pour la transsexualité. Si je m'attendais à voir un film sur la transsexualité, j'ai surtout été touchée par les conséquences psychologique de ce changement, le personnage de Fred étant presque mis plus en avant, invitant à plus d'empathie.
Il use parfois d'un graphisme à la Kubrick pour nous offrir des scènes irréelles et d'une beauté qui ne nous laisse ni le temps ni l'envie de quitter les yeux de l'écran. S'ajoute à une esthétique superbe une bande son soigneusement choisie allant de The Cure à Beethoven en passant par Joy Division, collant parfaitement avec l'univers des protagonistes.
Malgré sa dimension irréelle, Laurence Anyways laisse transparaitre une authenticité frappante, surtout par l'excellence des acteurs, je citerais en premier lieu Suzanne Clément interprétant Fred avec perfection.
C'est peu de choses dites pour un film si complet, mais j'espère que ce petit commentaire vous donnera l'envie de vous plonger dans la filmographie de Xavier Dolan et de savourer Laurence Anyways.