"Le désert est un océan où l'aviron ne s'enfonce pas"
Lawrence d'Arabie, c'est l'histoire d'un Homme qui ne voulait pas en être un à trop rêver devenir Dieu. C'est l'histoire d'un Homme à qui le statut de prophète donné par ses troupes ne suffisait pas.
Lawrence d'Arabie, c'est l'épopée d'un fou dans le désert. C'est l'histoire de la réussite puis de la chute, narrée avec une telle virtuosité que Scorsese (qui a passé sa carrière à fonder ses films sur ce principe) n'est maintenant, à mes yeux, qu'un petit à côté de Lean. C'est l'indiscipliné cultivé qui devient un héros et qui le reste dans sa chute, car ici l'échec de l'homme n'a rien de médiatique, ce ne sont pas les autres qui voient Lawrence s'effondrer. C'est lui seul et celui qu'il n'appellera jamais son ami, Ali, qui s'en rendront compte, quand celui qui voulait devenir Dieu ne deviendra que le pauvre instigateur d'un massacre. Qui est le juste ? Qui est le mauvais ? Ce chef-d'oeuvre passe près de quatre heures à jouer au bord de cette frontière, sans jamais nous ennuyer et ne sachant jamais trop de quel côté tomber, un peu comme dans la réalité.
Et si "le désert est un océan où l'aviron ne s'enfonce pas", Dieu est tout autant impénétrable. C'est bien cela qui le rendra fou, cet Homme qui ne parvenait pas à savoir s'il était ordinaire ou bien extraordinaire.