Voyage d'une section au bout du full metal jacket.
S'il y a bien un cinéma que je connais mal, c'est le cinéma russe. Soit ça coûte un pont, soit c'est tout simplement introuvable. Aussi le 9ième escadron est-il pour moi une perle rare car contrairement à ses compatriotes, il est abordable (à défaut de sortir en salle au plat pays).
Le neuvième escadron place une bande d'appelés originaires de tous bords de l'Union soviétique affectés dans la VDV, les forces parachutistes soviétiques. Fyodor Bondarchuk en plus de tourner un film de guerre choisit de faire quelque chose d'encore plus intéressant, de placer son film dans les années 80, et donc pendant la guerre d'Afghanistan livrée par les soviétiques, conflit peu représenté au cinéma car ne nous concernant pas directement, si ce n'est quelque film étrange nous servant la même litanie sur les missiles Stinger, renfort hollywoodien de nos programmes scolaires.
Bondarchuk pour son film ne prend pas vraiment de risque et se lance dans un schéma connu et reconnu, notamment en occident en découpant son film en deux temps. Le premier, la formation et le second, le combat, et surtout le désenchantement. Cette structure, appuyée par une photographie du tonnerre surtout dans la deuxième partie (l'on citera en vrac les paysages, l'arrivée des parachutistes avec la porte de la soute, s'ouvrant sur un Hind dont la silhouette seule fait peur) pâtit de son classicisme en dépit d'authentiques points forts.
9th company, qui tout pour faire un excellent film, pêche en tentant de se démarquer de ceux qui ont déjà, et avec brio, représentés la guerre du cinéma. Cette démarcation se fait malheureusement par une recherche plus poussée de pathos, souvent trop, ce qui finit par aboutir à des scènes ou certains acteurs en mettent des tonnes, à l'image de celui interprétant l'instructeur chef. Certes on comprend sa détresse mais elle est amenée avec la délicatesse d'un train de marchandises. L'erreur se répète également dans les scènes d'actions, qui en mettent une couche que cela soit l'embuscade du convoi, certaines scènes de la bataille de l'avant post, clou du film filmé de manière au fond assez brouillonne.
Pourtant Bondarchuk réalise un très bon film sur de nombreux plans, notamment dans sa mise en avant de l'homme et de l'évolution de jeunes gars avec toute l'ambiguïté que cela peut susciter, des personnages (surtout au niveau des recrues) très bien travaillés, les plans, on ne le répétera jamais assez, certaines mises en scène sublimes, à l'instar de l'arrivée des jeunes VDV en Afghanistan, croisant les anciens retournant au pays, et malheur à qui se débarrassera de son talisman. Ultime bémol cependant : une musique cherchant parfois en vain à susciter l'émotion, collant parfois mal avec l'ensemble.
Convenablement découpé, bien rythmé, 9th company souffre de sa première partie essentiellement, trop mélodramatique alors que rien n'est encore arrivé, la seconde, l'Afghanistan proprement dit bénéficiant d'un bon traitement en plus de la photographie. 9th company est un film qui se laisse regarder sans souci aucun mais qui, en tant que déjà vu, aurait pu bénéficier d'un meilleur traitement.