Derrière cet étrange titre se cache un film de prison et une histoire d'amitié, sur fond de dictature latino-américaine (l'Argentine dans le roman de base, le Brésil à l'écran). Luis et Valentin sont enfermés ensemble, et tout les sépare. Luis est un décorateur gay maniéré, qui se soucie peu de politique et beaucoup d'amour. Valentin est un activiste de gauche, régulièrement torturé par ses geôliers, pour qui la cause passe avant tout.
La qualité du film viendra de leur opposition, puis de leur rapprochement. Et cela doit beaucoup à la jolie prestation des deux acteurs, qui tiennent peut-être les plus beaux rôles de leurs carrières respectives.
William Hurt a la partition la plus risquée, il aurait pu se perdre en jouant la folle ridicule. Mais non, il parvient à jouer son personnage efféminé avec beaucoup de sensibilité et de douleur. D'autant plus qu'il sera pris dans un terrible dilemme. Un rôle qui lui vaudra plusieurs récompenses et boostera sa carrière.
Raul Julia est quant à lui le pivot du film. Celui qui apparait un peu rustre, aux allures macho, ultra politisé. Mais dont les sentiments sont en réalité enfouis, derrière ce masque de révolutionnaire.
En résulte une poignante intrigue, très humaine et amère, qui évidemment critique la dictature. Aujourd'hui, on peut penser que le film enfonce des portes ouvertes, mais à l'époque il était pleinement à propos : la dictature brésilienne s'est terminée en 1985, l'année de sortie de "Kiss of the Spider Woman".