Locke & Kids
Je n'attendais pas grand chose de ce Beau-Père jusqu'à ce que j'aperçoive le nom de l'homme derrière le scénario. Donald E. Westlake, écrivain génial et cynique auquel on doit le très bon "Un Loup...
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le 24 févr. 2012
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Le Beau-Père, thriller horrifique de 1987, ça vous dit quelque chose ? Parce que moi, je n’en avais jamais entendu parler avant il y a deux semaines alors que, si j’en crois ce que je lis sur la toile, ce film s’est forgé une solide petite réputation, donnant même lieu à deux suites, Le Beau-Père 2 en 1989 et un 3ème opus (directement pour la télévision) en 1992. Le Beau-Père a même eu droit à son remake en 2009. Du coup, tout cela a titillé ma curiosité, d’autant plus que j’étais intrigué de voir Terry O’Quinn (Locke dans la série Lost, Rocketeer) incarner un bon gros psychopathe des familles. Grand bien m’en a pris car, bien qu’elle ait sur certains aspects pris un petit coup de vieux, cette bobine de Joseph Ruben (Dreamscape, Money Train) vaut carrément le détour. Mieux encore, Terry O’Quinn y signe ici dans doute son meilleur rôle.
La première scène nous met immédiatement dans l’ambiance. On y voit un personnage dans une salle de bain, se lavant les mains qu’il a pleines de sang. Il se regarde dans le miroir, se coupe les cheveux, la barbe, change ses vêtements, sans dire un mot. Puis il sort de la salle de bain, descend les escaliers… Il marque une pause, et on aperçoit au deuxième plan une famille massacrée, possiblement au couteau, dans ce qui semble être un salon. Il sort de chez lui avec sa petite valise, la caméra se rapproche du sol afin qu’on découvre une enfant, elle aussi assassinée. Une scène complètement muette, sordide, et très marquante. Un an plus tard, notre homme s’est installé ailleurs, et a refait sa vie dans une nouvelle famille, avec le combo gagnant femme / enfant / maison / chien, et on n’a plus qu’à attendre que ça pète de nouveau. Et lorsqu’on sait que le scénario est tiré d’une histoire vraie, celle du vendeur en assurances John List qui, en 1971, a tué sa femme, ses enfants et sa mère puis est parti d’installer avec une autre famille en se forgeant une nouvelle identité. Il échappera à la justice durant 18 ans avant d’être arrêté en 1989 et de purger cinq peines de prison à vie consécutives. Il meurt des suites d’une pneumonie en prison en 2008. Oui, voilà, ça fait froid dans le dos. Le scénario de Le Beau-Père ne va en aucun cas s’intéresser à l’enquête, mais plutôt au quotidien dans cette maison en se centrant à la fois sur le personnage de Jerry Blake, et celui de sa belle-fille Stephanie, qui en plus de toujours être affectée par la mort de son père un an avant, trouve qu’il y a quelque chose qui cloche avec son beau-père. Ce beau-père est donc incarné par Terry O’Quinn, absolument génial, constamment sur la retenue, mais constamment également sur le point d’exploser, avec ce personnage faisant preuve d’une réelle maitrise de soi, mais qui a parfois besoin de lâcher tout ce qu’il emmagasine. O’Quinn est si crédible dans son rôle qu’on oublie facilement qu’on est en train de regarder un monstre de sang-froid.
L’ambiance du film est souvent sur la retenue, afin de mieux coller à ce personnage qui tente de se fondre dans son nouveau moule de père exemplaire, très rigide, très (trop) à cheval sur sa propre conception de la famille, une famille rêvée, idolâtrée, qu’il semble ne pas avoir eue par le passé. Mais une conception de la famille qui déjà dans les années 80 était dépassée car le film s’attaque clairement à cette vision de la famille superficielle des banlieues américaines sous l’ère Reagan, comme bon nombre de films l’ont fait à cette époque-là. Peu de morts au final, très sage au niveau du gore, l’intérêt du film ne réside pas là. Il joue la carte du réalisme, et la tension monde crescendo au fur et à mesure que l’étau se reserre sur le personnage du beau-père. On se doute qu’il envisage de changer de famille, et donc par conséquent qu’il va tenter d’exterminer l’actuelle comme il l’a fait avec la précédente. Le scénario préfère la subtilité aux chocs sanglants, et l’histoire est au final plus complexe qu’il n’y parait. Chaque scène est conçue pour faire avancer l’intrigue d’une manière ou d’une autre, maintenant l’intérêt malgré, il faut l’avouer, quelques problèmes de rythme à mi-parcours, la faute peut-être à une intrigue secondaire (avec le jeune homme qui chercher à retrouver Jerry Blake) qui au final n’est qu’accessoire. La mise en scène de Joseph Ruben est sobre mais bien fichue, bien en adéquation avec le personnage central. Elle est calme lorsque le personnage se maitrise, et plus agitée et intense lorsqu’il explose dans le final. Le film contient pas mal de scènes fortes, surtout des « après scènes » à vrai dire, comme lorsque Jerry Blake s’en va tranquillement sur la route, en sifflotant, juste après avoir massacré quelqu’un à coups de poutrelle dans la tête, puis maquillé cela en accident de la route.
Le Beau-Père est une petite bouffée d’air frais dans un genre horrifique éculé des années 80. Un film réussi, parfois imprévisible, qui se concentre sur l’esprit humain comme source d’horreur plutôt que sur un monstre de violence découpant tout ce qui passe du début à la fin. A voir !
Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com
Créée
le 25 janv. 2022
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