De retour dans son village natal pour s'y soigner, François (JC.Brialy) est plongé dans les turpitudes familiales de son copain d'enfance Serge((Gérard Blain), lequel, promis autrefois à un avenir brillant, n'est plus qu'une épave alcoolique à la suite d'un drame personnel.
Sur fond de réalisme rural, Chabrol construit une intrigue dramatique quelque peu artificielle. D'abord, le sujet est mince; ensuite Chabrol exploite certains lieux communs de la campagne: l'alcoolisme, les vieux secrets de famille et, d'une façon générale, le caractère fruste de ses moeurs. Lorsque François se mêle de sortir Serge et sa famille de leurs tourments, on mesure les insuffisances du scénario et de la mise en scène. Visitant un personnage après l'autre, les allées et venues de François au coeur du village semblent répétitives et parfois même sans objet. Le mal-être des personnages ne nous touche guère.
Entre étude de moeurs et drame psychologique, l'expression naturaliste proposée par Chabrol, qui s'oppose à l'insincérité du cinéma estampillé "qualité française" (par opposition à la Nouvelle vague, dont "Le beau Serge" est célèbre pour en être la première manifestation, sinon la meilleure car on peu lui préférer "A bout de souffle" et "Les 400 coups", sortis une peu plus tard) se heurte à quelques maladresses. Mais dans le contexte du cinéma de l'époque, et quoiqu'inabouti, le premier film de Chabrol n'est pas sans intérêt.