Le titre du film annonce la couleur - durant ce bel été et tout ce qui va s'y dérouler, il y a le menace fantôme d'une tragédie absente - la guerre, évidemment - que le spectateur connaît et qui lui fera aborder le film d'une manière différente, donnant un sens plus profond et prémonitoire à ce qu'il va voir. Dans ce bout de campagne écrasé de soleil , c'est bien la fin d'un monde qui se prépare. Derrière l'apparente modernité (le train, le gramophone), L'ordre social reste encore bâti sur les restes de l'Ancien Régime, ne serait-ce par la présence comme maitre des lieux d'un comte (Claude Rich) - avec des querelles d'un autre temps pas encore digérés (qui a fait allégeances à Napoléon III ?), des divisions encore bien présentes (Dreyfusard et non-Dreyfusard, avec l'antisémitisme bel et bien là). Fin de ce monde (le Comte obligé de vendre le château et sa soeur qui meurt) où derrière les jolies tenues blanches et la belle carte postale (entre imagerie à la Pagnol et tableau impressionniste), c'est bien le mépris qui domine, celui du roturier et plus généralement des classes laborieuses. Fin d'un monde avec la présence fantomatique dans le parc de tuberculeux et l'arrivée de l'orage comme signes les plus visibles des drames à venir ; mais aussi début d'un nouveau, symbolisé par la présence des enfants (avec Robinson Stevenin, 12 ans) et de leur éveil à la sensualité - l'amour comme meilleure échappatoire au carcan social, ne serait-ce qu'un temps. Le Bel été 1914 ne manque pas de qualité mais il a le défaut d'être trop évident, trop sage dans cette exposition d'un monde d'avant le cataclysme.