Guerre des gangs à Yokohama
Chronologiquement Fukasaku signe ce film juste après Le Caïd de Yokohama dont il emprunte quelques éléments sans pour autant qu'on puisse le qualifier de suite directe. Une introduction en voix-off...
Par
le 30 sept. 2024
Sorti en 1970, cette production de la TOEI, réalisée par le chantre du yakuza-eiga Kinji Fukasaku, est une œuvre intéressante qui ouvre un champ d'expérimentation de grande ampleur pour le futur réalisateur des Combats Sans Code d'Honneur.
Kazama, interprété par Bunta Sagawara (Cimetière de La Morale, Okita Le Pourfendeur) est un jeune chef de clan tout juste nomé qui doit choisir entre son dévouement au clan et à la cause, ici un consortium de lobby immobilier qui décide d'investir un bidonville et d'en chasser ses habitants, et son refus de l'injustice de voir ces pauvres gens spoliés, étant lui-même natif de ces lieux.
Le yakuza, figure traditionnelle appartenant déjà au passé est ici confronté à des choix de conscience dans un Japon qui tend à se moderniser. Les bandits d'honneur sont remplacés par des lobbys industriels et immobiliers.
On trouve les attributs habituels du cinéma de Fukasaku, cette alliance unique entre vitesse de narration et cette façon d'embarquer sa caméra qui s’immisce dans la mêlée, les yakuzas qui braillent, usant de leur parole comme autant de cris de guerre, ainsi qu'un grand modernisme et dynamisme de la mise en scène.
Préparant le terrain de ses futurs chef d’œuvres dans une sorte de grande tambouille où fusent les mouvements au rythme de l'évolution d'un pays qui s'apprête à entrer dans une ère nouvelle, Fukasaku nous parle d'honneur et de dévotion au son discordant d'un message ambivalent en totale opposition avec les soi-disant valeurs prônées par un code vieillissant où les magouilles financières des nouveaux gangsters en col blanc s’apprêtent à remplacer les anciennes figures chevaleresques.
En plus de la figure récurrente du cinéma de Fukasaku que représente l'acteur Bunta Sugawara, on retrouve Kôji Tsuruta et Fumio Watanabe, d'autres tronches incontournables du genre.
Encore suffisamment bancal pour ne pas entrer dans la catégorie des perles incontournables du genre et pas très fignolé du point de vue l'écriture, ce faux ninkyo possède déjà tous les attributs d'une future œuvre riche et unique de cet immense auteur qui donna au genre ses plus belles lettres de noblesse.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de Kinji Fukasaku
Créée
le 19 mai 2016
Critique lue 290 fois
2 j'aime
D'autres avis sur Le Blason ensanglanté
Chronologiquement Fukasaku signe ce film juste après Le Caïd de Yokohama dont il emprunte quelques éléments sans pour autant qu'on puisse le qualifier de suite directe. Une introduction en voix-off...
Par
le 30 sept. 2024
Du même critique
Dans La Chienne, second film parlant de Jean Renoir, c’est surtout quand les voix se taisent et que l’image reprend naturellement ses droits que le lyrisme dramatique s’impose pour offrir de grands...
le 31 janv. 2023
19 j'aime
2
Première incursion de Clouzot dans un genre auquel il donna ses plus belles lettres de noblesse, en l’occurrence le thriller à la Hitchcock. Pour se faire il adopte un style emprunt à la Screwball...
le 21 avr. 2020
18 j'aime
8
C’est auréolé d’une récompense à la Mostra de Venise et d’une pluie de critiques dithyrambiques annonçant un classique instantané et une performance d’acteur de la part de Joaquin Phoenix emprunte...
le 9 oct. 2019
18 j'aime
5