Le Bon, la Brute et le Truand par Kroakkroqgar
Le secret de ‘Le Bon, la Brute et le Truand’ tient à son titre. En donnant à ses personnages des patronymes manichéens, Sergio Leone force le spectateur à s’interroger et à interpréter les actes des trois hommes. Hormis Sentenza, la Brute, qui ne s’écarte jamais vraiment de sa définition, les qualifications de « bon » et « truand » perdent vite leur sens. Le Truand se révèle être plus proche de l’humanité que le Bon, qui est en réalité sournois et glacial. Ainsi, on discerne morales et symboliques dans l’œuvre, mais sans qu’elles ne soient imposées au spectateur. En ce sens, l’œuvre fascine.
En revanche, on pourrait reprocher à ‘Le Bon, la Brute et le Truand’ de s’étendre sur trois heures de récit. L’intrigue est intéressante et l’avancement de l’action subtilement implacable, mais le film souffre immanquablement de quelques baisses de rythmes en cours de route. Il est également regrettable que ce soit la chance qui sauve le Blond in extremis plusieurs fois dans le film. Par contre, l’œuvre se distingue des autres westerns en inscrivant l’histoire dans le contexte de la guerre de Sécession. De la bataille pour le pont à l’église recueillant des blessés, en passant par les villes détruites et le camp de prisonniers, l’originalité du film donne une image intéressante de la période.
Toutefois, c’est le talent de Sergio Leone qui fait de ‘Le Bon, la Brute et le Truand’ un grand film. Entre les magnifiques paysages, une mise en scène méticuleuse, les précis mouvements de caméras, le talent de Sergio Leone n’est plus à démontrer. C’est tout à fait flagrant sur la conclusion du récit, au cimetière de Sad Hill, où on assiste probablement au plus grand « duel » de l’histoire des westerns. Mais il faut également compter sur le collègue du réalisateur, le compositeur Ennio Morricine. Au-delà du thème formidable de l’œuvre, il rend également le passage de la découverte du cimetière puis le duel final inoubliables. Et si cela ne suffisait pas, Clint Eastwood, Lee Van Cleef et Eli Wallach sont irréprochables, ce dernier incarnant d’ailleurs un personnage pas forcément évident à jouer.
Un grand film.