C'est le film de Verneuil le plus ancien que j'ai vu qui ne m'avait pas emballé lorsque je l'avais découvert ... Je viens de revoir (pour la deuxième fois) "le Boulanger de Valorgue" pour lui donner une nouvelle chance mais ça ne passe pas.
Ce n'est toujours pas terrible.
Voyons voir ...
Giono disait des films de Pagnol qui mettait en scène ses romans, qu'il montrait "une Provence de tutu-panpan" dans la mesure où il embellissait de trop les histoires alors que la vraie vie en Provence ou en Haute-Provence était fort rude.
Qu'a-t-il pu dire de ce film qui n'est qu'une pâle imitation de "la femme du boulanger" ?
Bien des choses ne collent pas. D'abord le scénario est faible et s'étire en longueur. En quelques mots, un jeune, le fils du boulanger est parti pour son service militaire de dix-huit mois en Algérie après avoir malencontreusement mis enceinte sa petite amie et sans le savoir. De là, démarre une nouvelle guerre de tranchées dans le petit village provençal de Valorgues où tout le monde s'enflamme, prend fait et cause et se déchire.
Là où je dis que le scénario est faible, c'est qu'il n'apporte rien par rapport à ce sujet largement rebattu par Pagnol que ce soit dans la trilogie ou dans "la femme du boulanger". On se demande même si on n'a pas déjà entendu les répliques. Les séquences italiennes sont remplies de clichés et peinent à convaincre.
Reste le jeu des acteurs dont en particulier Fernandel. Eh bien, Fernandel fait du Fernandel en pérorant, s'agitant, n'écoutant que lui ; là encore, on a la furieuse impression de déjà vu. Mais surtout quand il pérore et qu'il n'est pas content (c'est très fréquent), on devine un sourire chez Fernandel et ça, ça tue le personnage.
Face à lui, heureusement, il y a Georges Chamarat dans le rôle du receveur des Postes qui s'élève contre la décision du boulanger d'arrêter de produire du pain et se pose en défenseur de la jeune mère. Et c'est tout juste si Georges Chamarat, excellent comme souvent, ne vole pas la vedette à Fernandel tant il est beaucoup plus crédible.
Malgré cela, il subsiste des scènes très réussies comme l'incendie du four communal avec les pompiers qui arrivent après la bataille ou bien vues comme la réunion du conseil municipal avec le sous-préfet. mais elles sont un peu rares.
Verneuil a voulu faire une comédie douce-amère sous le soleil de Provence avec l'accent chantant et les envolées ou empoignades homériques qui s'éteignent aussitôt allumées. Au final, il a fait une comédie avec un Fernandel qui rejoue ses partitions pagnolesques pour satisfaire le public de l'époque qui en redemandait. Le résultat me parait assez décevant. Verneuil a eu fait beaucoup mieux avec Fernandel sur des scénarios bien plus originaux qui se tenaient beaucoup plus comme le "mouton à cinq pattes" ou encore "l'ennemi public n°1"