La chanteuse et le milliardaire

Inspiré d'un véritable fait divers (le meurtre de la chanteuse Suzanne Tamim survenu en 2008), ce bon film noir m'aura captivé de plus en plus, à mesure qu'avançait son récit labyrinthique, dont les ramifications complexes font écho à la structure tentaculaire de la mégalopole cairote, comme dans un roman de Chandler ou d'Ellroy.

Il faut donc accepter de naviguer à vue durant la première moitié - qui aurait mérité un rythme moins languissant - avec de multiples personnages secondaires aux motivations floues et aux liens mal définis.

On sera récompensé par la suite, avec une tension croissante jusqu'au dénouement, et quelques rebondissements bien sentis - quelques invraisemblances aussi...

Côté interprétation, la belle Hania Amar crève l'écran en chanteuse-prostituée lors de ses 3 ou 4 apparitions, tandis que le charisme douteux de Fares Fares convient bien à son personnage d'anti-héros de plus en plus paumé.

Surtout, la valeur ajoutée de "The Nile Hilton Incident" réside dans son arrière-plan politique : inscrivant son récit durant les évènements de l'hiver 2011, le réalisateur (suédois d'origine égyptienne) Tarek Saleh montre bien la corruption généralisée du pays après 30 ans de présidence Moubarak, mais aussi l'immense soif de liberté et de justice du peuple égyptien, dont les manifestations auront permis de renverser le régime.

Mais le film fait aussi le constat implicite que ces grands espoirs seront finalement restés lettre morte...