Dracula, le plus grand des vampires. Au fil des années, le célèbre comte a connu diverses représentations, notamment au cinéma, et dont certaines d’entre elles sont devenues très célèbres, faisant aujourd’hui partie intégrante de la culture populaire. Si le Nosferatu de Murnau avait déjà offert une incarnation mémorable du compte alors appelé Orlok, Béla Lugosi avait, sous l’impulsion des studios Universal, popularisé l’image élégante, envoûtante et sensuelle que le vampire a aujourd’hui. Une image qu’allait également emprunter la Hammer, qui allait redonner vie à de nombreux monstres dans les années 50 et 60.
Si les studios de la Hammer Films Productions sont relativement discrets aujourd’hui, notamment après une très longue traversée du désert, ils connurent un véritable essor dans les années 50 et 60. Les films de monstres existent plus ou moins depuis toujours, mais ils connurent un premier âge d’or, dès les années 20 avec Lon Chaney notamment, puis juste après l’arrivée du cinéma parlant, avec les films dits des « Universal Monsters », tels que Frankenstein (1931), Dracula (1931), L’Homme invisible (1933), ou La Momie (1932), pour ne citer qu’eux. Des films qui ont marqué l’histoire du cinéma d’horreur avant que, de l’autre côté de l’Atlantique, les studios britanniques de la Hammer ne produisent à leur tour toute une série de films reprenant notamment la plupart des figures mythiques déjà mises en scène par la Universal vingt ans plus tôt.
Les films de la Hammer vont redéfinir les codes du genre et le faire rentrer dans une nouvelle ère, en couleurs, plus évocatrice, plus organique. Le Cauchemar de Dracula est certainement l’un des films les plus emblématiques de la Hammer, puisqu’il met en valeur l’un des « monstres » les plus célèbres de la culture populaire, mais aussi parce qu’il associe à l’écran deux des acteurs-phares des studios : Peter Cushing et Christopher Lee. C’est notamment le second qui est resté dans les mémoires, pour son incarnation du comte tout en élégance mais aussi en brutalité, dans la digne lignée de Béla Lugosi. Le Cauchemar de Dracula présente forcément des similitudes avec le film de 1931, mais il s’avère plus baroque, spectaculaire, avec un rythme plus soutenu, se rapprochant davantage des films d’horreur modernes.
Le Cauchemar de Dracula est plus évocateur, avec une violence plus visuelle, où la suggestion laisse place à l’action. Cela n’empêche cependant pas une bonne gestion du mystère dans le film, Dracula étant certes très présent au début du film, avant de disparaître pendant une importante partie de ce dernier, sa présence d’abord physique devenant fantomatique, dans une évocation de son emprise sur les autres, le véritable fléau dont le vampire est l’origine. Cela laisse alors plus de place au personnage de Van Helsing, ici chasseur de vampires émérite, seul espoir de lutter contre le pouvoir incontrôlable de Dracula. Sous les traits de Peter Cushing, le personnage s’avère très intéressant à suivre, parvenant à être charismatique et convaincant, créant chez le spectateur une véritable attente dans la perspective d’une confrontation entre Van Helsing et le vampire.
Le Cauchemar de Dracula est une très belle illustration de ce nouveau cinéma dit « de genre », de ces productions bis, ou dites de Série B, aux moyens souvent modestes, mais qui donnent à ces œuvres un véritable cachet. Car c’est un film surtout bien écrit et ficelé, qui sait tenir le spectateur en haleine, et avec un duo d’acteurs principaux marquant, offrant une très belle opposition à l’écran.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art