Quand j'ai déniché ce film méconnu dans les rayons poussiéreux de la médiathèque, j'ai bien espéré être en présence d'un petit chef d'œuvre oublié des glorieuses années 70. Pensez donc : Philippe de Broca à la réalisation (qui nous a quand même offert quelques comédies de premier choix à cette période), Michel Audiard à l'écriture, Jean Rochefort en personnage principal, entouré d'une flopée de belles et bonnes actrices françaises de toutes générations (de Danielle Darrieux à Catherine Alric)...
Au final, c'est donc la déception qui prime, car si "Le cavaleur" n'est pas foncièrement désagréable, il s'agit néanmoins d'un film assez anecdotique, très ancré dans son époque, et qui aura bien du mal à captiver les jeunes générations, en dehors de sa dimension de témoignage sociologique, illustrant de manière plus ou moins fidèle le mode de vie d'une certaine catégorie de Français au cours des seventies.
Comédie de mœurs par excellence, "Le cavaleur" est très rarement drôle, ce qui reste problématique : bien sûr, certaines situations ou dialogues prêtent à sourire, mais la tonalité choisie (un peu douce-amère) exclut tout gag ou tentative délibérée d'humour, ce qui pourra surprendre venant de Philippe de Broca, et plus encore de la part de Michel Audiard, qui ne signe pratiquement aucune punchline, privilégiant une écriture plus sérieuse.
Cela n'est évidemment pas un défaut en soi, mais cela implique de s'intéresser au destin de ce cavaleur avec une forme de premier degré qui aura sans doute parlé à ses contemporains, mais que pour ma part j'ai bien du mal à encaisser.
Rochefort est un dragueur compulsif qu'on s'efforce de nous rendre sympathique, mais qu'on est aussi en droit de voir comme un sacré connard, le mec qui ment en permanence à son entourage, et qui finit par réaliser son erreur lorsque tout le monde le lâche... Des valeurs et des questionnements certainement en vogue dans les années 70, mais qui laissent assez perplexe aujourd'hui.
Dommage car le casting féminin est bel et bien formidable : une jeune et jolie Nicole Garcia incarne l'épouse bafouée, Catherine Alric (plus sosie que jamais de l'autre Catherine, Deneuve...) campe la jeune maîtresse écervelée, Danielle Darrieux l'ancienne amante de quelques heures à la Libération, Catherine Leprince sa petite-fille un peu naturiste (et très mal coiffée, dommage), tandis qu'Annie Girardot joue l'ex-femme de notre cavaleur impénitent.
Bref, voilà un film loin d'être déplaisant, mais qui bénéficiait de tels atouts a priori, qu'il laisse un véritable sentiment de déception, et laisse à penser que de Broca est souvent plus à l'aise dans le registre de la comédie pure, type "Le magnifique" ou "L'incorrigible".