Indéniablement l'une des plus belles réussites de Philippe de Broca, « Le Cavaleur » est de ces comédies modèles qu'il faudrait montrer aujourd'hui à presque tous les réalisateurs français prétendant être drôles. Virevoltant, enlevé, alerte et remarquablement écrit : les adjectifs ne manquent pas pour qualifier cette étincelante réussite, se doublant de nombreuses réflexions sur le passé et le futur, la vieillesse, la lassitude, la solitude... Il n'y a pourtant aucun jugement, tant la prise de conscience du héros se fait finalement de façon naturelle, par petites touches aussi mélancoliques qu'émouvantes, face à une situation qui lui échappe de plus en plus.
Et dans ce rôle de séducteur obsessionnel longtemps persuadé qu'il peut faire le bien de toutes, qui mieux que Jean Rochefort dans l'un de ses plus grands rôles, donnant à son héros une humanité, une complexité dont peu d'acteurs auraient été capables. Pourtant le film évite toute démonstration, toute grande tirade explicative, préférant montrer cette évolution avec finesse, à travers les non-dits et quelques scènes-clés.
Enfin, quel régal de voir des personnages secondaires aussi bien pensés, équilibrés, apportant tous beaucoup de sens au récit : et quand ils sont interprétés par Nicole Garcia, Annie Girardot, Danielle Darrieux (beaucoup d'hommes se contenteraient de pareille vie sentimentale!), Jean Desailly ou Jacques Jouanneau, forcément... Bref, un triomphe que ce « Cavaleur » drôle, subtil, sensible et d'une intelligence rare : merci M. de Broca.