Drôle de film que ce Cavaleur. Sur un sujet appelé à être amusant, on a surtout droit à un film mélancolique et tendre sur la vieillesse dont prend soudainement conscience le personnage principal. Philippe de Broca, dont on connait les œuvres souvent trépidantes, se contente ici d’un film mollasson qui cherche sa direction et s’englue dans un rythme languissant fait de séquences comme autant de parenthèses dans un discours parsemé de digressions. Le casting quatre étoiles domine ce projet mineur, dialogué par le Michel Audiard de la fin des années 70, le Michel Audiard plus sombre après avoir perdu un de ses fils. Il en ressort une comédie amère où le rire se transforme rapidement en grimace maussade.
Le résultat manque malheureusement de flamboyance et d’énergie. La faute sûrement à une absence de questionnements plus profonds et d’enjeux plus clairs, le spectateur étant mis à l’écart des tourments du personnage principal. Dommage aussi de se contenter de faire des personnages féminins des repères pour raconter la vie sentimentale d’un Jean Rochefort à son aise dans son rôle de séducteur lunaire et immature. Un portrait plus abouti de ces différentes femmes aurait été certainement plus pertinent et on aurait moins le sentiment que des personnages comme celui incarné par Annie Girardot soient ainsi sacrifiés.
L’ensemble n'est pas exempt de jolies scènes mais on s’y ennuie souvent poliment. Il manque assurément de scènes vraiment drôles et de dialogues plus percutants. En sale gosse égoïste qui ne pense qu’à son plaisir, Jean Rochefort est excellent mais son rapport aux femmes de sa vie est faussé par le fait qu’elles lui pardonnent tout comme on le ferait à un gosse qu’on adule pour son talent d’artiste. C’est un peu court, même si l’ensemble a l’intelligence de ne pas sombrer dans le vaudeville à la mode. Cependant, l’ensemble manque de sel pour emporter le morceau.