André de Toth est un cinéaste hongrois réfugié aux Etats-Unis en 1939. "Le Cavalier de la mort" est un de ses premiers westerns (si pas le premier) où il met en scène Randolph Scott qui tournera plusieurs autres westerns avec lui.
J'ai trouvé que ce western est un peu en demi-teinte. On va dire que c'est un galop d'essai (sans jeu de mots)... Car rapidement, Toth tournera bien d'autres westerns tout-à-fait excellents et qui feront date comme "la mission du commandant Lex", "les conquérants de Carson city", "la rivière de nos amours", "la chevauchée des bannis", etc ...
Le principal défaut du "cavalier de la mort", c'est le scénario qui est à la fois complexe et simpliste. Pour un film de série B, il me parait préférable de privilégier l'efficacité en ayant une histoire simple mais bien travaillée. Juste un exemple, on peut compter dans ce western jusqu'à trois triangles amoureux dans lesquels Randolph Scott est impliqué. Comme il faut bien résoudre tout ça avant le "happy end" et dans le temps imparti assez court, on arrive à des solutions un peu bancales et un peu simplistes...
L'histoire repose sur un triangle amoureux - de base - entre deux patrons de ranch et une femme. Cette dernière (Joan Leslie) fait parler sa raison et non son cœur et choisit le rancher le plus riche. Evidemment, le rancher le plus modeste (Randolph Scott) n'est pas content. Mais le rancher le plus riche comprenant que sa femme n'est pas amoureuse de lui devient jaloux et va devoir s'opposer à ce rancher qui a conservé le cœur de sa belle…
Les personnages sont plutôt esquissés, pas assez travaillés en profondeur notamment les rôles féminins. La fin, en particulier me parait trop précipitée car apparait cette fois un autre triangle amoureux, qu'on voyait venir d'ailleurs, avec deux femmes et Randolph Scott.
Il y a aussi des pistes intéressantes lancées au début du film qui auraient mérité qu'on y revienne comme la question de l'étang qui est un enjeu considérable pour un éleveur et qui change de mains.
La conséquence de personnages pas assez approfondis c'est que l'empathie du spectateur aura du mal à se déclencher et l'intrigue risque de perdre de sa crédibilité.
Randolph Scott est, comme toujours, excellent dans le rôle d'un cow-boy loyal, honnête et beau joueur face à son rival. Evidemment, comme toujours, il ne faut pas l'asticoter de trop faute de quoi, il va se rebiffer. C'est comme les vieux moteurs diesel, c'est long à chauffer, mais lorsque c'est chaud, attention...
Je n'ai pas trouvé le jeu de Joan Leslie très convaincant dans ce personnage de la femme qui préfère assurer "la matérielle" avant les sentiments.
La deuxième femme, sympathique patronne d'un petit ranch, dont on comprend peu à peu qu'une idylle est en train de se former avec Randolph Scott. Les roues de secours, c'est bien mais pour que ça ne fasse pas trop artificiel, il faut que ça soit bien préparé et travaillé au niveau du scénario ... L'actrice qui tient ce rôle est Ellen Drew.
Alfonso Bedoya, dans le rôle du cuistot de Randolph Scott, est lui excellent. Son café est imbuvable mais peut toujours servir à cirer les "boots". Et puis, il a un chapeau troué qu'il aimerait bien remplacer mais voilà, sous tous les chapeaux qu'il trouve, il y a une tête pas d'accord pour céder son chapeau.
Heureusement à la fin, après les règlements de compte, il pourra trouver un chapeau sans tête ...
C'est Alfonso Bedoya et bien sûr, Randolph Scott qui donnent la petite note sympathique à ce western me permettant d'attribuer un 7.